Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/124

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cœur manqua à la plupart des Judéens. Ils insistèrent pour que la lutte fût provisoirement ajournée, et que leur corps se dispersât en attendant qu’un renfort de combattants pût lui venir en aide. Vainement Juda déploya toute son éloquence pour ranimer leur courage et les retenir : la majeure partie battit en retraite, huit cents hommes seulement restèrent autour de Juda. Avec les plus déterminés de cette faible troupe, il fondit sur l’aile droite de Bacchidès, la mit en déroute et la poursuivit jusqu’au territoire d’Aschdod (Azoth). Mais les Judéens restés en arrière ne purent soutenir le choc de l’aile gauche des Syriens ; ils furent écrasés, et lorsque Juda revint sur ses pas, il lui fallut recommencer le combat sur nouveaux frais. Lui et les siens, cette fois encore, firent des miracles de valeur. La bataille dura du matin jusqu’au soir ; des deux côtés, morts et blessés jonchaient le sol. Mais la troupe judaïque fondait à vue d’œil, et les derniers survivants furent enveloppés par l’ennemi. Juda Maccabée périt enfin lui-même, l’épée à la main. Les derniers combattants prirent la fuite, et ses frères eurent le bonheur de pouvoir du moins dérober aux outrages et mettre en sûreté la dépouille de l’infortuné héros. — Par cette tragique bataille d’Eleasa (nissan 160), tous les avantages conquis jusqu’alors semblaient réduits à néant. La troupe hasmonéenne, cette légion d’intrépides, était anéantie. Alcime reprit possession de la capitale et du temple : il pouvait maintenant triompher.

Toutefois, elle n’avait pas été stérile, cette longue lutte des Maccabées. Elle avait réveillé le peuple de sa torpeur, elle l’avait rajeuni. Le sang des martyrs, dit-on, guérit les blessures. De fait, le sang de ces généreux héros a guéri les plaies dont souffrait leur peuple. Au dehors, l’opprobre infligé au nom judaïque était effacé. Les Grecs railleurs, une fois qu’ils eurent fait connaissance avec le bras de Juda, ne furent plus tentés de rire à l’aspect d’une troupe judéenne, et les Judéens n’eurent plus besoin, pour démontrer leurs droits, de recourir à la puérile imitation des jeux olympiques. A l’intérieur, le peuple avait acquis la conscience de lui-même et de sa destinée; il s’était montré le vrai peuple de Dieu, appelé à affirmer sa doctrine propre et sa propre loi morale, digne et capable de sauvegarder ce double patrimoine. Cet esprit d’abnégation et de sacrifice, que le prophète Élie avait enseigné d’abord