Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/129

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Jonathan Apphus : lui seul, pensaient-ils, saurait dompter des Hellénistes, rendre au pays la paix et le bien-être. Mais Jonathan ne possédait ni la popularité de son frère Juda ni ses qualités militaires. Il était homme d’État plutôt que grand capitaine. Trop faible pour attaquer Bacchidès et son armée, que Démétrius avait fait marcher sur la Judée, il ne pouvait que se tenir sur la défensive. Poursuivis par l’armée syrienne, les Hasmonéens se retranchèrent près d’une citerne d’Asphar, dans un fourré de la plaine du Jourdain ; mais, ne s’y croyant pas encore assez en sûreté, ils envoyèrent les femmes et les enfants de l’autre côté du fleuve, dans la tribu des Nabatéens, avec laquelle ils étaient en bonnes relations. Ces malheureux, que conduisait l’Hasmonéen Johanan, furent attaqués en route par une peuplade hostile, les Bné-Amri, de Médaba, et massacrés jusqu’au dernier ; atrocité dont, plus tard, Jonathan tira vengeance. — Mais les retraites mêmes de la vallée du Jourdain n’offraient plus de sécurité à la troupe hasmonéenne. Bacchidès l’y pourchassa, tomba sur elle un jour de sabbat, où la résistance, sans être défendue, était cependant plus molle par suite des habitudes formalistes de ce jour, — et la contraignit de se sauver à la nage jusqu’au delà du Jourdain. Toute la contrée citérieure se trouva ainsi livrée sans défense à l’ennemi, et Bacchidès ne laissa pas échapper cette bonne occasion d’enlever aux Hasmonéens toute possibilité de tentatives nouvelles.

Il restaura les forteresses détruites, renforça celles d’Acra, de Bethsour, de Gazara, et les munit d’armes et de vivres. En outre, pour mieux s’assurer de la fidélité du peuple, il garda comme otages, dans l’Acra, les enfants des meilleures familles. Bacchidès avait ainsi réalisé, dans l’espace d’une année (160-159), ce que ses prédécesseurs n’avaient pu faire en six ans : il avait brisé la résistance des Judéens. Le bras puissant des Maccabées leur manquait, ils ne le sentaient que trop. Certes, s’il eût convenu au roi Démétrius d’intervenir de haute lutte dans les affaires religieuses du peuple, rien ne lui était plus facile, et il ne pouvait trouver une occasion plus favorable ; mais le deuxième successeur d’Antiochus Épiphane, adonné uniquement aux plaisirs, se contentait d’avoir assuré son autorité sur la Judée, de pouvoir