Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/132

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leur rêve. Une péripétie politique du royaume de Syrie eut, par contrecoup, des suites avantageuses pour la Judée et accrut la puissance de Jonathan et de son peuple.

Ce revirement de fortune fut occasionné par un obscur jeune homme de Smyrne, nommé Alexandre Balas. Ce jeune homme avait une singulière ressemblance avec le roi syrien Antiochus Eupator ; Attale, roi de Pergame, tira parti de cette circonstance pour l’opposer, comme roi rival, à Démétrius qu’il détestait. Il le fournit largement d’argent et de troupes, et Alexandre n’eut pas plus tôt débarqué à Ptolémaïs, que la garnison s’empressa de le reconnaître. Cette circonstance arracha Démétrius à son apathie et le décida à se mettre en quête d’alliés. Tout d’abord, il songea à gagner Jonathan. Dans une lettre flatteuse adressée au chef hasmonéen, il le qualifia d’allié, lui permit de lever des troupes, de se procurer des armes, et ordonna que les Judéens retenus comme otages lui fussent remis. Jonathan n’eut garde de perdre une si belle occasion. Il vole à Jérusalem, en prend possession, fait réparer les murs, met la ville en état de défense. Les Hellénistes, voyant la puissance aux mains de leur redoutable ennemi, abandonnent épouvantés la capitale judaïque et vont se réfugier dans la forteresse de Bethsour. — Mais Alexandre Balas, qui, lui aussi, avait besoin d’aide, vint à son tour solliciter l’alliance de Jonathan et sut, mieux que Démétrius, se le rendre favorable. Il le nomma grand prêtre, lui envoya un manteau de pourpre et une couronne d’or, et l’érigea ainsi en prince vassal du royaume de Syrie et en ami du roi. A la fête des Tentes de l’an 152, Jonathan revêtit pour la première fois les insignes de grand prêtre et fonctionna en cette qualité dans le temple. C’est ainsi que la Judée, si abaissée naguère et poussée jusqu’au bord de l’abîme, mais sauvée par le dévouement héroïque de quelques braves, sortit d’une lutte qui s’était prolongée prés de vingt ans. Elle releva la tète, et sa passive résignation fit place à un rôle actif.

Jonathan, pendant les neuf ans qu’il gouverna (152-144), contribua puissamment à cette fortune croissante. Dans cette compétition des deux rivaux pour la couronne de Syrie, il reconnut, d’un coup d’œil sûr, de quel côté il devait se ranger. Il se déclara pour Alexandre, encore que Démétrius, en homme qui