Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/135

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envoyés par Jonathan incendièrent une partie de la capitale syrienne, contraignirent les habitants et les soldats mutinés à lever le siège et à demander pardon au roi. Mais lorsque Démétrius se trouva hors de danger, il ne témoigna à son libérateur qu’une dédaigneuse ingratitude et le traita en ennemi. On ne saurait donc blâmer Jonathan d’avoir tourné le dos à ce roi déloyal, lorsqu’un général d’Alexandre Balas, Diodote Tryphon, ayant organisé une conspiration contre Démétrius, le força de fuir, en faisant proclamer roi à sa place le jeune Antiochus VI, fils de son maître. Reconnaissant envers Alexandre, autant qu’indigné de la mauvaise foi de Démétrius, Jonathan soutint le jeune roi, qui, en récompense, le confirma dans sa dignité de grand prêtre, lui conféra le droit de porter une agrafe d’or, marque distinctive des princes, et lui garantit la propriété des cantons annexés à la Judée. Son frère Siméon eut le commandement de la côte méditerranéenne, depuis l’Échelle de Tyr jusqu’à la frontière d’Égypte. Les deux frères combattirent vigoureusement pour Antiochus, dont le maintien était un gage d’indépendance pour la Judée. Tour à tour vainqueurs et vaincus, les Hasmonéens finirent par triompher. Ils assiégèrent et prirent plusieurs villes du littoral, pénétrèrent dans Damas, chassèrent les Hellénistes de Bethsour et y mirent garnison.

Mais ce que les Hasmonéens avaient le plus à cœur, c’était de rendre Jérusalem inexpugnable. A cet effet, ils en exhaussèrent partout les murs, les prolongèrent à l’orient jusqu’à la vallée du Cédron. — ce qui protégeait en même temps la montagne du Temple, — et construisirent au milieu de la ville, en face de l’Acra, un solide rempart, pour fermer aux Hellénistes le commerce de Jérusalem. Le ravin dit Chaphenatha, qui séparait de la ville la montagne du Temple, fut comblé, de sorte que toutes les parties de la ville se trouvèrent reliées entre elles. Entreprendre le siège de l’Acra leur parut sans doute peu opportun, soit parce que les Syriens auraient pu en prendre ombrage, soit parce que les généraux de Démétrius conservaient encore, malgré sa chute, une attitude menaçante et qu’il eût été, par suite, imprudent de concentrer toutes Ies forces sur un seul point. A cette époque (144-143), la Judée possédait quarante mille soldats d’élite.