Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/141

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s’approprièrent l’habileté des Grecs dans les arts et apprirent rapidement à travailler les matières brutes avec élégance et bon goût. Il y eut ainsi, parmi les Judéens d’Alexandrie, de nombreux ouvriers et artistes, groupés en une sorte de corporation. Quand on avait besoin, en Palestine, d’habiles ouvriers pour le temple, on les faisait venir de la communauté d’Alexandrie. Les Judéens y apprirent aussi des Grecs l’art militaire et la science de la politique ; ils s’assimilèrent leur langue si mélodieuse et se plongèrent si bien dans l’érudition et la littérature grecques, que plusieurs d’entre eux comprenaient Homère et Platon aussi facilement que leur Moïse et leur Salomon. Le bien-être dont ils jouissaient, les nobles travaux auxquels ils se livraient, leur culture intellectuelle leur inspirèrent la conscience de leur valeur et cette élévation de sentiments que posséderont plus tard les Juifs de l’Espagne. La communauté d’Alexandrie était considérée comme le centre de la colonie judaïque de l’Égypte : les Judéens du dehors et même ceux de Palestine s’appuyaient volontiers à cette forte colonne du judaïsme.

La communauté d’Alexandrie avait, dans tous les quartiers de la ville, des maisons de prière, appelées Proseukhè ou Proseuktéries. Parmi ces maisons de prière, la synagogue principale se distinguait par sa construction plus artistique, par son élégance et par son riche aménagement intérieur. A Alexandrie et probablement aussi dans le reste de l’Égypte, les maisons de prière étaient en même temps des maisons d’enseignement au sabbat et aux fêtes, après la lecture du Pentateuque, un de ceux qui étaient les plus versets dans la connaissance de la Loi se levait pour faire une conférence sur les passages qu’on venait d’entendre.

La vie juive à Alexandrie n’acquit tout son éclat qu’à l’arrivée des personnages éminents qui vinrent se réfugier dans cette ville, par suite des exactions des Syriens. L’individualité la plus marquante parmi ces derniers, c’était Onias IV, le jeune fils du dernier grand prêtre légitime, de la lignée de Jésua ben Josadak. Lorsque son père, qui avait employé toute son influence à combattre les empiétements des Hellénistes, fut assassiné à l’instigation de ces derniers, Onias IV, ne se sentant plus en sûreté dans