Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/155

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sont abolies. S’il en est parmi vous qui soient aptes à faire partie de notre armée, ils pourront être admis : que la paix soit entre nous. — Le jour où le peuple fut exempté de l’impôt (le 27 iyar, mai) fut à ses yeux une journée mémorable, digne de figurer, comme demi fête, au nombre des anniversaires de victoires. Les concessions faites par Démétrius étaient considérées comme un commencement d’indépendance absolue. On adopta comme ère usuelle les années du règne des rois syriens, et on remplaça le nom de ces princes par celui de Siméon : dès le commencement de l’an 142, les actes publics portent : Dans la 1ère année du règne de Siméon, grand prêtre, général et prince. C’était une usurpation de la part du peuple, qui avait acquis la conscience de sa force et se souciait peu de la légalité de son droit à conférer les privilèges royaux à son chef. En effet, Siméon n’était prince légitime ni par acquiescement de la cour de Syrie ni par élection populaire. Lui-même ne voyait, dans les privilèges obtenus de Démétrius, rien qui affirmât son indépendance complète. Le pouvoir réel ne data pour lui que du jour où il obtint le droit de battre monnaie.

A Jérusalem, la joie d’avoir reconquis cette indépendance, tant regrettée depuis la chute de l’État judaïque sous son dernier roi Sédécias, fut si vive que les représentants du peuple, les Anciens ou le Grand Conseil se crurent obligés de faire part de cet événement à leurs frères d’Égypte. Cependant cette démarche leur causait un pénible embarras. En effet, Onias, le fondateur de Beth-Honio, le descendant de la famille de grands prêtres que les Hasmonéens avaient écartée sans espoir de retour, vivait encore en Égypte. Même si Onias ou ses fils avaient renoncé à l’espoir de rentrer en possession du grand pontificat, il n’en était pas moins pénible de rappeler à son souvenir et à celui des Judéens d’Alexandrie, qui lui étaient attachés, que là-bas, en Judée, le peuple avait rejeté pour toujours sa famille. Les représentants du peuple, glissant sur ce point, se bornèrent à faire savoir aux Judéens d’Égypte qu’après une longue période de peine et d’affliction, Dieu les avait enfin exaucés, et que, dans ce temple livré aux dévastations de l’ennemi, souillé par lui du sang de victimes innocentes, ils pouvaient désormais apporter librement