Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/158

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tyranneaux syriens, il se jeta avec sa nation dans les bras de Rome, ce tyran redoutable qui étouffait dans ses embrassements les peuples venus à lui. Pour obtenir en faveur du sien l’alliance romaine, Siméon envoya des ambassadeurs judéens, Numénius, fils d’Antiochus, et Antipater, fils de Jason, chargés d’offrir au sénat un bouclier d’or massif, comme gage de soumission. Le sénat romain n’était nullement disposé à refuser son alliance à une nation, quelque petite qu’elle fût, étant fermement persuadé que cette protection accordée comme une faveur n’était que le prélude de l’asservissement. Rome ressemblait à un tuteur sans scrupule, qui veille avec soin sur les biens de ses pupilles, afin de pouvoir s’approprier un héritage plus considérable. Le sénat romain fit savoir à ses alliés et vassaux que la Judée avait été également admise dans son alliance et que les princes syriens n’auraient plus le droit de l’attaquer (140). A peine deux siècles après, Rome exigea que son empereur éhonté et sanguinaire fût adoré dans le temple de Jérusalem, et, trente ans plus tard, elle avait déjà anéanti la puissance de la nation judaïque, elle avait massacré ses héros et elle courait sus à ceux qui survivaient. Ni Siméon ni ses contemporains ne prévirent ces tristes conséquences de leur alliance avec les Romains. Ils étaient heureux de voir ceux-ci les appeler leurs amis, leurs frères et leurs alliés. La nation entière sut gré à son prince de lui avoir assuré ces avantages, et, dans sa reconnaissance, elle lui conféra solennellement et d’une manière formelle le droit de la gouverner.

L’antiquité n’offre guère d’autres exemples d’un peuple conférant volontairement et sciemment le pouvoir à un prince et de la transformation pacifique d’une constitution républicaine en constitution monarchique, comme celle qui s’accomplit alors chez les Judéens.

L’acte de transmission du pouvoir, qui nous a été conservé fait ressortir de la façon la plus saisissante les sentiments de reconnaissance que la nation éprouvait pour les Hasmonéens. Rassemblés le 28 éloul (septembre 140) sur la montagne du temple, les prêtres, les Anciens, les chefs de la nation et la population de Jérusalem déclarèrent que, en reconnaissance des grands services rendus par Siméon et la famille des Hasmonéens au peuple et au sanctuaire,