Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/174

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où se dessina l’antagonisme de ces partis. D’ailleurs la genèse des mouvements intimes des âmes reste toujours ignorée. D’après une relation, ce mouvement commença dès l’époque de Jonathan.

Pour les Pharisiens, le terme de parti est impropre et ne peut guère s’appliquer que par opposition aux deux autres sectes. En effet, les sentiments des Pharisiens étaient ceux de la majorité de la nation, dont ils ne se distinguaient que par une originalité plus grande. Ils devaient leur nom à leur façon particulière d’interpréter l’Écriture et d’en tirer des lois nouvelles. En leur qualité de légistes, les Pharisiens formaient le parti des savants, par opposition à la masse ignorante. Le principe fondamental de leur conduite et de leurs sentiments, c’était que la conservation du judaïsme, c’est-à-dire de la Loi et des coutumes des ancêtres, devait être l’unique règle de la société et des individus. Aux Sadducéens, qui soutenaient contre eux que, dans les affaires politiques, il fallait se guider d’après un principe différent si on ne voulait pas sacrifier de graves intérêts d’État aux scrupules religieux, le pharisaïsme répondait que la destinée d’un pays, comme celle des individus, ne dépend pas de l’homme, mais de la volonté divine.

Ni la force, ni la prudence, ni la puissance des armes ne pouvaient, selon eux, déterminer le bonheur ou le malheur de la nation judaïque : c’est là l’œuvre de la Providence, dont la volonté éternelle règle tous Ies événements. Seules, les actions de chaque individu, sa conduite morale, sont du domaine de la liberté humaine, mais les résultats et les conséquences du travail humain en général sont en dehors de nos prévisions. Cette doctrine des Pharisiens, que leurs adversaires, les Sadducéens, rejetaient entièrement, était encore exagérée par les Esséniens.

Les Pharisiens professaient encore une autre doctrine, qui répondait sans doute à une objection soulevée par les Sadducéens. Si la destinée de l’individu ou d’une nation ne dépend pas de sa conduite, la justice divine n’existe pas, puisque le juste a souvent à lutter contre l’infortune, tandis que le méchant jouit d’un bonheur parfait et inaltérable. Les Pharisiens résolvaient cette difficulté en enseignant que la justice divine ne s’exerce pas dans la vie présente, mais après la mort. Dieu réveillera un