Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/178

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d’importance au contact des personnes ou des choses impures. Quand ils voyaient leurs adversaires occupés à purifier les vases du temple souillés par quelque attouchement, ils les raillaient en disant : Bientôt les Pharisiens voudront purifier le soleil lui-même.

Malgré les adoucissements que les Sadducéens apportaient à la religion, ce parti n’était pas aimé du peuple. La tendance de l’époque, tout à fait favorable à la dévotion, leur était contraire. En outre, les Sadducéens rebutaient le peuple par leurs manières arrogantes et dures, et par la sévérité avec laquelle ils appliquaient les lois. De là vint qu’ils ne surent jamais gagner les faveurs de l’opinion publique et qu’ils ne purent faire triompher leurs principes que par la force. A l’époque qui suivit les luttes des Maccabées, la religion avait tellement pris le dessus qu’un véritable ordre religieux put se fonder, qui dépassait, par sa sévérité dans les principes et par son caractère timoré, les Pharisiens eux-mêmes, et qui constituait un phénomène historique tout nouveau. Cet ordre, qui était appelé à exercer une influence puissante, et qui devait sa naissance à des causes tout à fait insignifiantes, c’étaient les Esséens ou Esséniens.

L’origine de ce curieux ordre des Esséniens, qui excita l’admiration des Grecs et des Romains, remonte au mouvement énergique qui se produisit lors de la résistance à la tyrannie des Syriens et à l’oppression religieuse. Les Esséniens ne formaient pas originairement un parti politique : ils fuyaient le tumulte du monde. Ils n’étaient pas directement en opposition avec les Pharisiens, et ils représentaient plutôt l’exagération de leurs doctrines. Sans aucun doute, ils procédaient des Hassidéens, dont ils imitaient d’ailleurs la scrupuleuse dévotion au sabbat. En outre, ils vivaient dans un naziréat perpétuel et poursuivaient l’idéal d’une sainteté toute sacerdotale. Au moyen et à côté de la pratique extérieure des prescriptions lévitiques, ils cherchaient à réaliser la sainteté et la pureté de l’âme, à étouffer les passions et à mener une vie édifiante. Mais les prescriptions lévitiques concernant la purification s’étaient si bien développées, sous l’influence d’idées étrangères ou par le changement des mœurs, que tout contact avec des personnes ou des choses aurait terni la pureté