Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/190

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le champ de bataille. Le reste fut fait prisonnier ou mis en fuite. Lathuros parcourut la Judée avec son armée, massacrant tout sur son passage. R n’épargna même pas les femmes et les enfants. Il voulait se venger non seulement d’Alexandre, mais des Judéens en général, qu’il trouvait ligués contre lui en Égypte. Un honteux asservissement pouvait être pour la Judée le résultat de cette défaite. Mais Cléopâtre, inquiète des succès de son fils, s’apprêta à lui enlever le fruit de sa victoire avant qu’il pût en profiter pour se retourner contre elle-même. Elle réunit une armée qu’elle envoya en Judée et en Syrie, sous la conduite des généraux judéens Helcia et Anania, ces deux fils d’Onias auxquels elle devait d’avoir pu conserver la couronne. Helcia mourut dans cette expédition contre Lathuros, qu’il avait suivi pas à pas. Son frère le remplaça à la tête de l’armée et dans le conseil de la reine. La situation d’Anania, à ce moment-là, fut décisive pour ses compatriotes de Judée. Quelques-uns des conseillers de Cléopâtre lui avaient inspiré la pensée de profiter de la nécessité où se trouvait la Judée de recourir à sa protection, pour détrôner Alexandre, s’emparer de son pays et le réunir de nouveau à l’Égypte. Anania combattit ce projet avec indignation. Non seulement il fit ressortir l’injustice de cette violation des traités, mais il fit voir à la reine les conséquences funestes qui en résulteraient. Les Judéens d’Égypte, qui étaient les soutiens de son trône menacé par son fils, ne se joindraient-ils pas à ses ennemis, si, par une tentative déloyale, elle menaçait l’indépendance de la Judée ? Le discours d’Anania indiquait aussi, comme une menace implicite, qu’il cesserait de mettre au service de la reine son influence politique et ses talents militaires, ou qu’il se prononcerait même nettement contre elle. Ce langage ne manqua pas de faire une profonde impression sur Cléopâtre. Elle rejeta le perfide conseil des ennemis des Judéens et conclut avec Alexandre un traité d’alliance offensive et défensive. Grâce à cette alliance, Alexandre put achever ses conquêtes et s’emparer, entre autres, de la ville maritime de Gaza.

Pendant les neuf années qui s’écoulèrent entre son avènement et la prise de Gaza (105-96), Alexandre, aux prises avec des dangers et des embarras de toute sorte, n’avait guère troublé la paix à l’intérieur. Il semble avoir observé la plus complète neutralité au sujet