Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/192

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à la main et l’accablèrent d’injures, l’accusant d’être indigne du grand pontificat. Le prince, en danger de mort, ne put se sauver qu’en appelant à son secours ses Pisidiens et ses Ciliciens, qui accoururent aussitôt, comme s’ils n’eussent attendu qu’un signe pour intervenir, et se précipitèrent sur les émeutiers. Environ six mille hommes tombèrent sous leurs coups (95). Pour prévenir le retour de pareilles scènes, Alexandre fit poser une barrière autour du parvis des prêtres, et en fit interdire l’accès au peuple. Cet incident fit naître une haine implacable entre le roi et les Pharisiens. Ainsi, dès la troisième génération, les Hasmonéens, par l’effet de leur caractère aveuglément passionné, avaient ébranlé l’édifice que leurs pères avaient élevé au prix de leur sang, et à semble merveilleux que celui-ci ait pu résister si longtemps aux coups qui lui étaient portés. La scission du royaume en deux pays, Juda et Israël, qui s’était produite sous Roboam et Jéroboam, s’accomplit de nouveau, grâce aux dissensions des Pharisiens et des Sadducéens.

Mais Alexandre ne vit pas le désordre qu’il avait jeté dans l’État par son puéril aveuglement. Il continua à caresser de vastes projets de conquête, oubliant que, lorsque l’harmonie entre le prince et le peuple, cette condition vitale d’un pays a cessé d’exister, les agrandissements de territoire servent plutôt à l’affaiblir qu’à le fortifier. Mais Alexandre ne songeait qu’à satisfaire ses goûts belliqueux. Il dirigea ses entreprises vers le pays, situé au delà du Jourdain, qui portait encore le nom de Moabitide, et vers le sud-est du lac de Tibériade, qui s’appelait le Galaad ou la Gaulanitide. Comme il poursuivait ses conquêtes, le roi des Nabatéens, Obéda (ou Oboda), sortit de Pétra, sa capitale, se jeta à sa rencontre, et l’attira dans un terrain sans routes praticables et coupé de ravins : l’armée d’Alexandre fut complètement exterminée. Seul le prince put s’échapper et arriver sain et sauf à Jérusalem (vers l’an 94). Il y trouva ses ennemis, les Pharisiens, qui soulevèrent contre lui la population. Pendant six années (94-89), les révoltes et les luttes intestines se succédèrent. Alexandre réprimait les soulèvements à l’aide de ses mercenaires ; mais chaque massacre servait de prétexte à de nouvelles émeutes. A la fin, Alexandre se sentit tellement épuisé par toutes ces luttes