Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/193

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qu’il se vit forcé de demander la paix aux Pharisiens. Cette fois, ce furent les Pharisiens qui, dans leur rage aveugle, repoussèrent les offres de conciliation et se rendirent coupables d’une trahison envers leur pays, qui sera pour leur parti une honte éternelle.

A Alexandre, qui leur demandait de lui fixer les conditions de la paix, les chefs du parti répondirent : La première condition d’une paix durable, c’est ta mort. Ils entamèrent même des négociations secrètes avec Eukaïros, qui était alors roi de Syrie. Celui-ci s’avança jusqu’au cœur de la Judée avec une armée de 40.000 fantassins et de 3.000 cavaliers. A cette nouvelle, Alexandre marcha à sa rencontre jusqu’à Sichem, avec 2.000 hommes d’infanterie et mille cavaliers. Ce fut une bataille sanglante où des Judéens combattaient contre des Judéens, et des Grecs contre des Grecs.

Les deux armées restèrent fidèles à leurs chefs et ne se laissèrent entraîner à aucune défection. L’issue du combat fut heureuse pour Eukaïros. Alexandre, qui avait perdu tous ses mercenaires, dut se réfugier dans les montagnes d’Éphraïm. Sa chute lamentable réveilla pour lui la pitié du peuple. Six mille Pharisiens, de ses anciens adversaires, abandonnèrent le camp syrien, et vinrent se ranger à ses côtés. Eukaïros dut quitter la Judée. Cependant les plus acharnés parmi les Pharisiens n’en continuèrent pas moins la lutte. Vaincus dans un combat, ils se jetèrent dans une forteresse ; mais Alexandre les obligea de se rendre. Cédant à son désir de vengeance et aux conseils de son favori sadducéen Diogène, Alexandre fit mettre en croix, le même jour, 800 de ses prisonniers pharisiens. Plus tard, ce fait donna lieu à un récit fort exagéré : on raconta que le prince, assis avec ses concubines au milieu d’un festin, avait fait égorger les femmes et les enfants des condamnés à mort en leur présence. Du reste, cet excès de cruauté n’était pas nécessaire pour stigmatiser Alexandre du surnom de Thrace. Le supplice de la croix infligé à 800 prisonniers le condamne suffisamment comme un bourreau sans entrailles ; et les Sadducéens, qui avaient conseillé cet acte de cruauté, en recueillirent les fruits amers. Plus de cinquante mille hommes des deux partis avaient perdu la vie au milieu de ces discordes. Les Pharisiens éprouvèrent les pertes les