Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/195

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crains ni les véritables Pharisiens ni ceux de leurs adversaires qui sont sincères ; mais garde-toi des hypocrites de l’un et de l’autre parti, qui, pécheurs comme Zimri, veulent être récompensés comme Phinéas. — Alexandre mourut à l’âge de quarante-neuf ans (79), laissant deux fils, Hyrcan et Aristobule. Les Pharisiens commirent la petitesse de faire du jour de sa mort un jour de fête publique.

Ce fut un bonheur pour la nation judaïque de se voir gouvernée par une femme douce et sincèrement pieuse, après avoir été troublée par les violences d’un despote. Son action fut bienfaisante comme celle de la rosée sur les moissons desséchées et brûlées par le soleil. Les passions surexcitées et la haine homicide des deux partis s’apaisèrent sous son règne. Salomé Alexandra, tout en étant entièrement dévouée aux Pharisiens, à qui elle abandonnait la direction des affaires intérieures, était loin de se montrer intolérante vis-à-vis du parti adverse. Elle imposa si bien aux princes, ses voisins, qu’ils n’osèrent pas faire la guerre à la Judée, et par sa prudence elle sut empêcher un puissant conquérant, qui s’était emparé de la Syrie, de franchir les frontières de son pays. Pendant les neuf années de son règne, le ciel lui-même se montra favorable, et la contrée jouit d’une heureuse abondance. On conserva longtemps les grains de blé, d’une grosseur extraordinaire, qui furent récoltés alors dans les champs de la Judée. Comme ses prédécesseurs, Salomé fit frapper des monnaies avec les mêmes emblèmes et avec la légende : Alexandra, reine, en caractères grecs.

En somme, son règne fut paisible et heureux. La loi, qui avait beaucoup souffert de la division des partis, eut désormais son cours régulier. Si parfois ses rigueurs atteignaient les Sadducéens, habitués à la transgresser, ils ne tombaient pas, du moins, victimes de l’arbitraire. Les prisons, qui s’étaient remplies sous Alexandre, se rouvrirent ; les Pharisiens exilés furent rappelés, et ils revinrent avec des idées bien modifiées par leur séjour à l’étranger. Salomé Alexandre institua comme grand prêtre son fils aîné Hyrcan. C’était un être faible, doué de beaucoup de qualités privées, mais dépourvu de toute aptitude pour les affaires publiques.