Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/194

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plus considérables ; ne se sentant plus en sûreté dans le pays, ils s’enfuirent aussitôt après le supplice des huit cents et se réfugièrent, les uns en Syrie, les autres en Égypte.

Le degré de faiblesse où Alexandre avait été réduit par ces luttes intestines devint manifeste lorsque les rois de Nabatée et de Syrie, Arétas et Antiochus XII, firent de la Judée leur champ de bataille sans que le roi de ce pays pût s’y opposer. Cependant la fortune ne délaissa pas complètement Alexandre. Un changement qui se produisit en Syrie lui procura quelques avantages. Il put rattacher à la Judée quelques territoires situés au delà du Jourdain et au nord-est. Après avoir passé trois ans à guerroyer au delà du Jourdain (83-80), il retourna à Jérusalem, où il fut acclamé comme vainqueur. Il avait réussi en partie à faire oublier ses méfaits. Sur un mont isolé, non loin du Jourdain, Alexandre avait fait bâtir une citadelle qui porta son nom, Alexandrion. De l’autre côté du Jourdain, près de la mer Morte, il avait élevé Machérous (Machvar), sur une hauteur escarpée protégée de tous côtés par des ravins. Comme Hyrcanion, bâtie par Jean Hyrcan, ces deux forteresses de montagne, grâce à la nature et à l’art, étaient presque imprenables.

Dans la dernière année de son règne, quoiqu’il souffrit depuis longtemps d’une fièvre intermittente, contractée à la suite de ses orgies, Alexandre reprit ses expéditions dans la contrée transjordanique. Pendant le siège de la forteresse de Ragaba (Argob), sa maladie empira si bien qu’il dut se préparer à la mort. A cette heure solennelle, les actes de sa vie lui apparurent sous un nouveau jour. Il reconnut avec horreur qu’il avait montré autant d’imprudence que d’injustice en persécutant les Pharisiens et en s’aliénant les sympathies du peuple. Il recommanda de la manière la plus pressante à la reine sa femme de s’entourer de conseillers pharisiens et de ne rien entreprendre sans leur avis. Il l’engagea aussi à cacher sa mort aux troupes jusqu’à la prise de Ragaba, et à remettre ensuite son corps aux mains des Pharisiens, qui pourraient à leur gré exercer leur vengeance ou leur générosité à son égard, en lui faisant ou non de dignes funérailles. D’après une source plus autorisée, Alexandre aurait calmé les inquiétudes de la reine au sujet de la querelle des partis par ces mots : Ne