Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/205

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de la nation judaïque et en suça le sang le plus généreux. Cet homme, c’était Antipater, issu d’une noble famille de l’Idumée, qui avait été contrainte par Jean Hyrcan d’embrasser le judaïsme, comme tous les autres Iduméens. Jamais mauvaise action ne fut si promptement et si durement vengée. Le fanatisme de Hyrcan allait causer le malheur de sa famille et de sa nation. Grâce à sa fortune et à ses capacités de diplomate, Antipater avait occupé les fonctions de gouverneur de l’Idumée sous le règne d’Alexandre et de sa veuve. Il avait su s’attirer l’amitié de ses compatriotes et même celle de ses voisins, les Nabatéens, et des habitants de Gaza et d’Ascalon, grâce à des présents et à des services rendus. Hyrcan II, à qui sa faiblesse rendait un guide nécessaire, avait accordé sa confiance à Antipater, et celui-ci en abusa avec la déloyauté d’un favori qui veut exploiter son influence à son profit. Il ne négligea pas une seule occasion de reprocher à Hyrcan sa position subalterne et l’humiliation d’avoir dû céder la couronne à son frère. Grâce à ces moyens, Antipater amena le craintif Hyrcan à violer son serment et à se rallier au projet infernal d’appeler une puissance étrangère comme arbitre du sort de la Judée. Antipater avait tout arrangé d’avance avec Arétas Philhellène, le roi des Nabatéens, en homme prudent qui a prévu toutes les éventualités. Hyrcan n’eut qu’à se laisser guider passivement. Une nuit, Hyrcan et Antipater s’échappèrent de Jérusalem et atteignirent par des chemins difficiles Pétra, la capitale d’Arétas. Celui-ci était tout disposé à soutenir la cause de Hyrcan. Antipater l’avait gagné par des présents et il avait promesse de rentrer en possession des douze villes à l’est et au sud-ouest de la mer Morte, dont la conquête avait coûté tant de luttes aux Hasmonéens. Arétas se rendit donc en Judée avec une armée de 50.000 hommes, auxquels vinrent se joindre les partisans de Hyrcan. On en vint aux mains ; Aristobule vaincu s’enfuit à Jérusalem (66). La tranquillité, dont la Judée avait joui pendant trois ans, était compromise pour longtemps par l’ambition d’Antipater et l’imprévoyance de Hyrcan.

Au printemps, Arétas vint assiéger Jérusalem. Pour échapper à ce triste spectacle, beaucoup d’habitants des plus considérés, sans doute aussi des chefs des Pharisiens, s’enfuirent de la ville