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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/206

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et prirent, pour la plupart, la route de l’Égypte. Le siège dura plusieurs mois, la solidité des murs suppléant à la faiblesse des guerriers d’Aristobule. Mais les vivres vinrent à manquer et, ce qui était plus grave aux yeux des purs, il n’y avait pas de victimes pour les sacrifices de la fête de Pâque qui approchait. Aristobule, faisant appel aux sentiments de piété des assiégeants, leur demanda de lui livrer des bêtes pour les sacrifices contre payement. Chaque jour, on descendait du mur, au moyen d’une corde, des paniers contenant l’argent et servant à monter les agneaux pour la Pâque. Comme le siège traînait en longueur et qu’on ne pouvait encore en prévoir la fin, un rusé conseiller, inspiré sans doute par Antipater, persuada à Hyrcan de profiter du manque de victimes dont souffrait la ville, pour la forcer à se rendre. Là-dessus, dit-on, les gens de Hyrcan placèrent un jour un porc dans le panier, au lieu d’agneaux. Cet outrage à la Loi causa une indignation si vive et une impression si profonde que le Grand Conseil défendit plus tard d’élever des porcs. Les gens de Hyrcan se rendirent coupables d’un second méfait. Parmi ceux qui avaient abandonné la ville assiégée se trouvait un homme pieux, nommé Onias, qui, par ses prières, avait un jour obtenu du Ciel la pluie pour les champs d’Israël et qui, pendant le siège de Jérusalem, vivait aux environs, dans un endroit solitaire. Les soldats de Hyrcan vinrent l’arracher à sa retraite et le conduisirent au camp. Espérant que le Ciel l’exaucerait encore une fois, on le somma d’invoquer Dieu contre Aristobule et ses partisans. Mais, au lieu d’élever la voix pour maudire, ce juste s’écria avec l’énergie d’une âme noble et vertueuse : Ô Seigneur, maître du monde, assiégeants et assiégés sont également ton peuple, et je te supplie de n’exaucer les prières ni des uns ni des autres. La soldatesque barbare, insensible à cette grandeur d’âme, massacra Onias comme un malfaiteur. Elle croyait étouffer ainsi la voix de la conscience qui se faisait entendre dans le cœur d’Israël, protestant contre cette lutte insensée de frères à frères.

Cependant un nouveau malheur, plus terrible que tous les autres, menaçait la Judée et amoncelait, sur elle de sinistres nuages. La bête aux dents de fer, aux griffes d’airain, au cœur de pierre, qui allait dévorer beaucoup et fouler le reste aux pieds, envahit les