Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/217

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romaine vint se briser contre cette nation, chaque fois qu’elle s’y attaqua. Crassus périt dans la bataille et son armée fut tellement décimée que son lieutenant, Cassius Longinus, ne put ramener en Syrie que dix mille hommes sur cent mille qu’elle comptait (53). Les Parthes poursuivirent le reste de l’armée romaine, avec la tacite complicité des Syriens, fatigués du joug romain. La nation judaïque, elle aussi, crut le moment favorable pour secouer ce joug odieux ; mais aucun des princes judéens n’étant là, et Hyrcan se trouvant réduit à l’impuissance et sous la domination absolue d’Antipater, Pitholaüs réunit une armée nombreuse pour marcher contre Cassius. Mais le destin trahissait les armes de la Judée chaque fois qu’elle se mesurait avec Rome. L’armée de Pitholaüs, enfermée dans Tarichée, prés du lac de Tibériade, dut se rendre. Cassius, cédant aux prières d’Antipater, fit mettre à mort Pitholaüs et vendre comme esclaves trente mille guerriers judéens (52).

Aristobule captif voyait luire de nouveau l’espérance de remonter sur le trône de ses pères et de rejeter le traître Antipater dans son obscurité. Jules César, le plus grand homme que Rome ait produit, avait jeté le gant au sénat et rompu avec Pompée, son allié. La rivalité des deux chefs alluma un incendie qui gagna les pays les plus reculés de l’empire romain. Pour affaiblir l’influence de Pompée, César avait donné la liberté à Aristobule et lui avait confié deux légions, afin qu’il allât travailler la Judée et la Syrie en sa faveur. Mais les partisans de Pompée le débarrassèrent d’Aristobule au moyen du poison. Ses amis ensevelirent son corps dans du miel, en attendant qu’il pût être conduit à Jérusalem et placé dans le tombeau des rois. Vers la même époque, son fils aîné, Alexandre, fut décapité, sur l’ordre de Pompée, par les soins de Scipion. Les membres survivants de la famille d’Aristobule, sa femme et son fils Antigone trouvèrent un asile auprès de Ptolémée, prince de Chalcis, dont le fils, Philippion, tomba éperdument amoureux de l’une des filles d’Aristobule, Alexandra, et la prit pour femme. Mais Ptolémée, qui avait conçu pour sa bru un amour violent, fit assassiner son propre fils, pour posséder sa veuve. La mauvaise fortune avait telle-ment dégradé les Hasmonéens, qu’ils ne craignaient, pas de s’allier