Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et, au bout de deux jours, Aristobule dut se rendre. Il fut pris pour la seconde fois et conduit à Rome avec son fils.

Un autre soulèvement, tenté par son fils Alexandre, qui, sur les instances de Gabinius, avait obtenu sa mise en liberté du sénat ou, pour mieux dire, de Pompée, alors tout-puissant, eut la même issue malheureuse. Alexandre avait réuni plus de 30.000 hommes et, avec leur aide, il massacra tous les Romains qui lui tombèrent entre les mains. Gabinius n’avait pas assez de troupes pour marcher contre lui, et il dut recourir au rusé Antipater pour détacher d’Alexandre quelques-uns de ses partisans. Avec ceux qui lui restaient, Alexandre marcha au-devant de l’armée de Gabinius et, entraîné par son ardeur irréfléchie, engagea la bataille près du mont Thabor. Il subit une effroyable défaite (55).

Sur ces entrefaites, les trois personnages les plus considérables de Rome, Jules César, Pompée et Crassus, tous trois remarquables, le premier par la supériorité de son génie, le second par sa réputation guerrière, le dernier par sa fortune colossale, s’étaient unis d’une alliance étroite pour briser le pouvoir du sénat et des grands et diriger à leur gré les affaires de l’État. Les triumvirs se partagèrent les possessions romaines et en tirent leurs provinces respectives. Crassus, qui était fort avare en dépit de sa grande fortune, devenue proverbiale, reçut en partage la Syrie, dans laquelle la Judée fut désormais comprise. Pendant une nouvelle expédition entreprise contre les Parthes, Crassus fit un détour pour se rendre à Jérusalem, où l’attirait le trésor du temple. Il ne cacha pas qu’il venait enlever les deux mille talents auxquels Pompée n’avait pas voulu toucher. Pour satisfaire sa cupidité, le pieux Éléazar, le trésorier, lui remit une poutre d’or du poids de trois cents mines, qui, grâce à un revêtement de bois habilement travaillé, était restée ignorée des autres prêtres. Crassus promit solennellement de ne pas toucher au reste du trésor. Mais qu’était-ce, pour un Romain, qu’un serment fait à des Judéens ? Il prit la poutre, les deux mille talents et, par-dessus le marché, les vases d’or du temple, qui valaient environ huit mille talents (54). Crassus, avec ces trésors volés au temple, put commencer son expédition contre les Parthes. Mais la puissance