Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/227

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comme l’ennemi juré de Rome, parce qu’il devait son trône aux Parthes. Antoine parla en sa faveur à Octave, qui n’avait rien à lui refuser. Un décret du sénat le proclama roi de Judée et déclara Antigone ennemi de Rome (hiver de l’an 40). En sept jours, il avait su obtenir ce résultat. C’était la seconde fois que Rome portait un coup mortel à la nation judaïque en lui imposant un étranger, un demi juif d’Idumée, qui avait des offenses personnelles à venger. Bien entendu, la Judée dut encore payer tribut aux Romains.

Hérode, voyant son ambition satisfaite, se déroba aux égards dont l’entourait Antoine pour aller prendre possession de sa nouvelle royauté. Débarqué à Acco (39), ses amis et notamment Saramalla, le plus riche Judéen d’Antioche, lui fournirent l’argent nécessaire pour soutenir une guerre de prétendant. Comme les Romains refusèrent de prendre une part active à cette campagne, la guerre traîna en longueur. Hérode se vit obligé de se rendre au camp d Antoine, qui assiégeait alors Samosate. Grâce aux services qu’il rendit au Romain en cette occasion, et surtout à son éloquence, Antoine chargea un de ses généraux, Sosius, d’aller combattre Antigone avec deux légions et d’installer le roi choisi par Rome. Hérode mena cette guerre avec une cruauté implacable. Ivre de vengeance, il fit périr dans les flammes cinq villes des environs de Jéricho avec leurs habitants, au nombre de deux mille, qui avaient pris parti pour Antigone. A l’approche du printemps (37), il marcha sur Jérusalem et en fit le siège. Il venait de célébrer à Samarie son mariage avec sa fiancée Mariamne.

Aussitôt que Sosius fut arrivé en Judée avec une nombreuse armée romaine et une armée de secours, composée de troupes syriennes, le siège de Jérusalem fut poussé avec vigueur. L’armée des assiégeants comptait environ cent mille hommes. Ils élevèrent des retranchements, comblèrent les fossés de la ville et, avec leurs machines de guerre, commencèrent à en battre les murailles. Les assiégés, quoique dénués de tout, se défendirent héroïquement. Ils faisaient de fréquentes sorties, chassaient ceux qui travaillaient aux tranchées, détruisaient les ouvrages de siège, bâtissaient une muraille nouvelle derrière celle qui tombait, si bien qu’au bout de deux mois les assiégeants n’étaient encore guère