Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/226

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ni de grand ne fut entrepris sous son règne de trois ans et demi, bien que les chefs romains, en apparence soutiens d’Hérode, gardassent le plus souvent une attitude de neutralité.

Il ne sut pas même s’attacher les personnages influents de la nation judaïque et les décider à faire cause commune avec lui. Quoique blessés par l’impudence d’Hérode, les chefs du Sanhédrin, Schemaya et Abtalion, étaient contre Antigone. D’où provenait L’antipathie qu’inspirait aux docteurs le dernier, des Hasmonéens ? Antigone s’était-il prononcé en faveur des Sadducéens, ou était-ce jalousie des dépositaires de la Loi contre le dépositaire de la puissance royale ? S’il est difficile de l’affirmer, certain incident permet de croire à ce dernier motif.

Un jour de Kippour, après le service divin, le peuple avait accompagné le roi, grand prêtre du temple, jusqu’à sa demeure. Mais, chemin faisant, on rencontra les sanhédristes Schemaya et Abtalion, et le peuple quitta le grand prêtre pour leur faire une escorta d’honneur. Irrité, le roi témoigna ses sentiments aux deux docteurs, en leur adressant une salutation ironique que, de leur côté, ils rendirent à Antigone. Cette division entre le prince et les autorités les plus influentes de la nation, l’inexpérience d’Antigone dans les choses de la guerre et de la politique, causèrent les plus grands malheurs.

Hérode ne ressemblait en rien à son rival et avait toutes les qualités qui lui manquaient. Il sut toujours contraindre la fortune à lui sourire de nouveau, quand elle l’avait abandonné un instant. Après sa fuite nocturne de Jérusalem, se voyant poursuivi par les habitants judaïtes, il eut un moment la pensée du suicide. Son projet de gagner à sa cause Malick, le roi des Nabatéens, échoua. Après avoir traversé le désert judéo-iduméen, presque seul, dénué de tout, mais conservant son indomptable énergie et nourrissant toujours de vastes projets, il se rendit en Égypte. Cléopâtre lui proposa le commandement de ses armées. Hérode refusa. C’est la couronne de Judée que visaient ses rêves. Il s’embarqua pour Rome. Surpris en route par une tempête, il arriva, à Rome au moment où Octave et Antoine venaient de se réconcilier. Il n’eut pas de peine à persuader Antoine de l’importance des services qu’il pourrait lui rendre, en le servant contre les Parthes, en lui représentant Antigone