Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/237

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Hillel n’était-il pas un étranger ? D’ailleurs, son caractère paisible était une garantie de ses sentiments amicaux à l’égard du prince.

Pour gagner les faveurs d’Octave César, que la victoire d’Actium avait rendu seul maître de tout l’empire romain, Hérode alla le trouver à Rhodes. Orgueilleux et insolent dans son propre pays, il comparut devant le Romain l’âme remplie de crainte, humble et dépouillé de tout ornement, sans toutefois avoir rien perdu de sa mâle énergie. Dans son entretien avec Octave, il avoua hautement son amitié et ses relations avec Antoine. Octave n’avait pas le caractère assez haut pour mépriser la vénalité, et ne se sentait pas assez fort pour se passer du concours des traîtres. Il reçut donc Hérode en grâce, lui ordonna de reprendre son diadème, le combla d’honneurs et le renvoya dans son pays (30). Hérode fut pour Octave un partisan fidèle, comme il l’avait été pendant douze ans pour Antoine. Quand César se rendit en Égypte, Hérode alla à sa rencontre jusqu’à la ville d’Acco ; il eut soin que, dans leur marche à travers un pays aride, les troupes fussent pourvues d’eau et de vin. Ainsi, avant de mourir, Antoine put apprendre que la fidélité d’Hérode n’était pas précisément inébranlable. Hérode eut la joie de voir son ennemie Cléopâtre échouer dans ses tentatives de séduction sur César et se donner la mort. Les Judéens d’Alexandrie se réjouirent aussi de la fin de cette reine, dont ils avaient eu beaucoup à souffrir. Peu de temps avant sa mort, ce monstre couronné avait exprimé le vœu de pouvoir égorger, de sa main, tous les habitants judaïtes de sa capitale qui tenaient pour Octave. Pour récompenser leur attachement, Octave accorda aux Judéens d’Égypte la confirmation de leurs droits politiques et de leurs privilèges. Telle était sa confiance en leur fidélité, qu’il laissa à leurs arabarques la surveillance des douanes fluviales et maritimes dont ils avaient été investis par les rois d’Égypte. C’était là un témoignage de confiance d’autant plus remarquable que César attachait une importance extrême à la possession de l’Égypte, grenier de Rome, et surtout à celle d’Alexandrie, à cause de son port. Il avait en effet défendu aux sénateurs de s’y rendre sans une autorisation spéciale. A la mort de l’arabarque qui commandait alors, Octave permit que son successeur fut choisi parmi les Judéens d’Alexandrie, et lui conserva