Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/238

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tous les privilèges de ses devanciers. Tandis qu’il restreignait les droits des habitants grecs d’Alexandrie, à cause de leur perversité, de leur mobilité d’esprit et de leur insubordination, ne leur laissant aucune part d’autorité et les plaçant sous la juridiction d’un juge institué par lui-même, il nomma un conseil exclusivement judaïque et fonctionnant à côté de l’arabarque ou ethnarque. Ce conseil dirigeait la communauté judéenne, décidait les questions litigieuses et veillait à l’exécution des ordonnances royales et des traités.

Aux libertini de Rome, l’empereur permit l’exercice de leur culte, et cet exemple de tolérance servit de règle pour l’avenir. Les Judéens romains purent avoir leurs maisons de prière et tenir leurs assemblées religieuses ; ils eurent le droit d’envoyer tous les ans leurs dons an temple de Jérusalem, bien qu’il fût généralement défendu d’exporter de grosses sommes de Rome à l’étranger. Les Judéens romains recevaient aussi leur part des distributions de blé faites au peuple. Si ces distributions devaient avoir lieu le jour du sabbat, les Judéens recevaient leur part le lendemain. Ainsi l’avait réglé l’empereur. Octave donna à Hérode les quatre cents Gaulois qui formaient la garde de Cléopâtre et lui restitua les villes maritimes et le territoire de Jéricho, qu’Antoine avait enlevés à la Judée. Samarie, Gadara et Hippos furent également incorporées au territoire judaïque, qui recouvra dès lors l’étendue qu’il avait eue avant la guerre de Hyrcan et d’Aristobule et l’intervention des Romains. A partir de cette époque et sans doute par l’ordre d’Hérode, qui voulait flatter l’empereur, des sacrifices furent offerts dans le temple en l’honneur des césars romains. Auguste et son épouse consacrèrent au sanctuaire des cruches d’or destinées aux libations.

Hérode était parvenu désormais au faite de la puissance loin de s’acharner après lui, le malheur l’avait grandi. Mais il ne devait pas jouir longtemps de ses succès ; le châtiment de ses forfaits l’attendait, s’attachant à ses pas, transformant ses joies en amertume. Dans sa maison même, un drame se déroula, tel que l’imagination d’un poète ne peut en concevoir de plus tragique. Mariamne, qui, pendant l’absence d’Hérode, avait été traitée, ainsi que sa mère, comme une prisonnière, avait appris de son