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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/275

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lui gagner des adeptes, songeaient peu à leur expliquer la Loi et les Prophètes et à les initier à leurs enseignements. C’est à ces classes de la nation que Jésus voulut s’adresser, afin de les tirer de leur impiété et de leur ignorance invétérée de la loi divine. Il voulait sauver les brebis égarées de la maison d’Israël. Il le disait sans détour : Ceux qui sont sains (c’est-à-dire ceux qui connaissent et pratiquent la Loi) n’ont pas besoin du médecin, mais bien ceux qui sont malades, afin que pas un seul ne périsse, même des plus petits.

Pénétré de cette mission, résolu d’amener à la pénitence et de préparer à la venue prochaine de l’ère messianique les pécheurs, les publicains et les femmes de mauvaise vie, en leur faisant adopter une sorte d’essénisme, Jésus commença son œuvre à Nazareth, sa ville natale. Mais là, tous connaissaient depuis son enfance le fils du charpentier et s’estimaient ses égaux en piété, ses supérieurs en science religieuse : aussi n’y trouva-t-il que mauvais vouloir et dédain. Lorsqu’il se présenta à la synagogue, un jour de sabbat, pour prêcher la pénitence, les assistants se dirent entre eux : Eh quoi ! n’est-ce pas le fils de Joseph, le charpentier ? Ne connaissons-nous pas sa mère, ses frères et ses sœurs ? Et, au lieu de l’écouter, on lui cria : Médecin, commence par te guérir toi-même. C’est en se voyant si mal accueilli de ses concitoyens qu’il prononça ce mot : Nul n’est prophète en son propre pays ! Il quitta Nazareth et n’y reparut plus jamais.

Un succès plus brillant l’attendait à Capharnaüm (Kepkar Nachoum), ville située au bord occidental du lac de Tibériade. Les habitants de cette ville, située dans une contrée délicieuse, se distinguaient de ceux de Nazareth comme la plaine riante diffère de ta sauvage montagne. Capharnaüm comptait sans aucun doute plus de gens efféminés et adonnés au vice ; il y régnait un plus grand contraste de richesse et de misère. Elle offrait ainsi une plus ample carrière à l’activité de Jésus. Sa prédication pénétrante, énergique, jaillissant des profondeurs de son être, devait y trouver un plus facile accès. Il eut dans la basse classe de nombreux auditeurs, qui s’attachèrent à lui et lui firent cortège. Parmi ses premiers partisans de Capharnaüm, on compte Simon, surnommé Képhas ou Pierre (rocher), et son frère André,