Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que les Judéens appelaient les Nazaréens ou les Nazaréniens, ne s’éloignaient pas de leur origine, c’est-à-dire de l’essénisme. Pour l’administration des ressources communes et de l’alimentation générale, ils choisirent sept diacres, suivant l’usage des communautés judaïques. Les principes esséniens des premiers partisans de Jésus se révèlent encore par d’autres marques : comme les Esséniens, ils s’abstenaient de viande et de vin, pratiquaient le célibat, méprisaient l’huile destinée à la toilette du corps, ainsi que les vêtements superflus, et se contentaient d’un simple habit de lin blanc. On raconte de Jacques, le frère de Jésus, à qui ce lien de parenté avait valu la présidence de la première communauté judéo-chrétienne, et qui lui servait de modèle, que jamais il ne but de vin ni d’autre boisson enivrante, ni ne mangea de viande, ni ne laissa le rasoir approcher de sa tète ; qu’il ne portait point de vêtement de laine et ne possédait qu’un habit, un seul habit de lin. Strict observateur de la Loi, il s’indignait des violations que se permettaient certains judéo-chrétiens. Les autres chefs de la première communauté ébionite étaient : Simon Céphas ou Pierre, fils de Jonas, et Jean, fils de Zébédée. Ces disciples privilégiés devinrent les Colonnes du christianisme. Simon-Pierre était le plus actif de tous ; il s’évertua à recruter des croyants à Jésus et des adeptes à la vie chrétienne. Toutefois, on le représente comme un homme d’un caractère versatile. A en croire les documents chrétiens, Pierre, lors de l’arrestation de Jésus, le renia trois fois, et son maître lui-même lui reprocha son peu de foi. — Simon-Pierre et les autres disciples prétendaient avoir reçu de Jésus la mission d’aller trouver les brebis égarées de la maison d’Israël pour les faire participer au royaume de Dieu. Comme Jésus et Jean le Baptiste, ils devaient annoncer ce royaume céleste. Ainsi le christianisme, à peine né, rêvait déjà conquêtes et prosélytisme. Les disciples de Jésus prétendaient aussi avoir reçu de lui le don de guérir les malades, de ressusciter les morts, de chasser les esprits malins. Ils firent de l’exorcisme une fonction régulière et propagèrent la croyance galiléenne au pouvoir de Satan et des démons. Dans le judaïsme, cette croyance était fort inoffensive et sans aucun caractère religieux : le christianisme l’érigea en dogme, — un dogme auquel des hécatombes