Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/308

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champs d’Israël et de les traiter en tout comme les coreligionnaires ; une autre, de donner aux païens le salut de paix, même à leurs jours de fête, quand ils sont occupés à honorer leurs dieux. Grâce à ces mesures légales, la coutume s’établit en Israël, dans les villes de population mêlée, de faire participer les païens nécessiteux aux distributions d’aumônes, de soigner leurs malades, de rendre les derniers devoirs à leurs morts et de consoler leurs familles en deuil. Peut-être faut-il voir dans cette législation bienveillante l’influence du système gouvernemental d’Agrippa. Rome et la Judée avaient abjuré pour un moment leur haine mutuelle et se traitaient en amies. La prévenance de l’empereur Claude pour les Judéens allait jusque-là, que quelques jeunes étourdis qui avaient osé placer sa statue dans la synagogue de la ville de Dora furent, par ses ordres, sévèrement châtiés, et qu’il enjoignit au gouverneur Pétronius de réprimer énergiquement à l’avenir de pareils scandales (42).

Agrippa avait hérité de son aïeul Hérode un penchant singulier à rechercher l’amour des Grecs. De même que celui-ci avait envoyé des présents à Athènes et dans d’autres villes grecques et ioniennes, son petit-fils témoigna d’une manière effective sa bienveillance à Athènes, la mère des arts, alors si déchue, et celle-ci lui en garda un souvenir reconnaissant. Il accorda aussi des faveurs aux habitants de Césarée, qu’Hérode avait transformée en rivale de Jérusalem, et à ceux de la ville maritime de Sébaste. Pour lui témoigner leur gratitude, ces derniers érigèrent à ses trois filles des statues et ils frappèrent en son honneur une médaille à son image, avec cette légende : LE GRAND ROI AGRIPPA, AMI DE CÉSAR. Sans doute, les villes maritimes d’Anthédon et Gaza eurent aussi à se louer de sa bienveillance, car elles firent également frapper des médailles à son intention. Les fils de l’étranger rendaient hommage à Agrippa, comme jadis au roi David, — hommage quelque peu involontaire.

Les dernières années du règne d’Agrippa furent heureuses pour les Judéens du dedans et du dehors. Ce fut comme un radieux coucher de soleil précédant une nuit sombre. Cette époque eut une certaine ressemblance avec le règne du roi Josias. La paix au dedans et au dehors, une indépendance relative, un essor