Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/307

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la faculté de régler les affaires intérieures conformément à la Loi. Cette assemblée avait alors pour président le digne petit-fils de Hillel, Gamaliel Ier, dit l’Ancien (ha-Zakên). Les fonctions de président devinrent dès lors plus importantes, le Sanhédrin n’ayant plus qu’un seul président, forme monarchique imitée de la constitution politique du pays. Les années embolismiques ne pouvaient plus être déterminées qu’avec l’assentiment du président. C’est lui qui adressait les circulaires aux diverses communautés. La formule de ces lettres, qui nous a été conservée, est fort intéressante ; elle prouve que les communautés du dehors, aussi bien que celles de Judée, considéraient le Sanhédrin et son chef comme la plus haute autorité. Voici ce que Gamaliel faisait écrire par son secrétaire particulier : A nos frères de la haute et de la basse Galilée, salut. Nous vous faisons savoir que le temps est venu de prélever la dîme de vos huiles. — A nos frères, les exilés de la Babylonie, de la Médie, de la Grèce (Ionie), et à tous les exilés d’Israël, salut. Nous vous faisons savoir que le printemps ayant commencé plus tard, il nous a plu, à nous et à nos collègues, d’augmenter d’un mois l’année courante.

On doit à Gamaliel Ier plusieurs mesures utiles, prises pour la plupart en vue d’obvier à certains abus ou dans l’intérêt de la société (tikkoun ha-olam). Ainsi, Gamaliel décida que le mari qui avait envoyé une lettre de divorce à sa femme, et qui pouvait l’annuler devant le premier tribunal venu, n’aurait plus ce droit à l’avenir. — De plus, comme beaucoup de gens avaient des noms doubles, un nom hébreu et un nom grec, ce qui produisait des confusions, Gamaliel émit une ordonnance prescrivant d’indiquer clairement, dans les lettres de divorce, les différents noms du mari et de la femme. — Précédemment, il fallait le témoignage de deux personnes pour constater la mort du mari. Gamaliel décida qu’un seul témoin suffirait désormais pour que la femme fût déclarée veuve. Une autre disposition prise par Gamaliel avait pour but de protéger la veuve contre l’arbitraire d’héritiers rapaces. — Certains lois touchant la conduite à tenir à l’égard des païens[4], lois évidemment dues à Gamaliel, sont conçues tout à fait dans l’esprit de douceur et de philanthropie qui caractérisait Hillel. Une de ces lois prescrivait de laisser Ies indigents païens glaner dans les