Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/315

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leur restitua même les vases provenant du pillage du temple et qu’ils conservèrent dans leur synagogue. A Damas demeuraient environ dix mille Judéens, à qui le roi nabatéen Arétas Philodème avait donné un ethnarque choisi parmi les principaux d’entre eux. À Rome, la capitale du monde, le centre d’attraction de tous ceux qui avaient soif d’honneurs, de luxe et de plaisirs, de tous les exaltés et de tous les mécontents, la population judéenne, chassée par Tibère, se reforma bientôt si nombreuse, que l’empereur Claude, qui, pour une raison restée inconnue, avait résolu de l’expulser, n’osa mettre son projet à exécution. Cependant il défendit aux Judéens de tenir des assemblées religieuses. C’est seulement vers la fin de son règne que ce prince en fit sortir un certain nombre de Rome, à la suite de troubles fomentés par un apôtre chrétien du nom de Chrestus.

Au pays des Parthes, la population judaïque était encore plus considérable qu’en Europe, en Syrie et en Afrique. Restes de l’ancienne émigration, les Judéens occupaient notamment, en Mésopotamie et en Babylonie, des territoires entiers. Deux jeunes gens de Naarda (Nehardéa, sur l’Euphrate), nommés Hasinaï et Hanilaï, fondèrent dans les environs de cette ville (vers l’an 30) une société de brigandage qui répandit la terreur dans les pays voisins. De même que Naarda et Nisibis servaient de centres aux Judéens des bords de l’Euphrate, il se forma dans chaque contrée un point central d’où la population judaïque se répandait dans les pays voisins. De l’Asie Mineure, un de ses courants alla envahir la région de la mer Noire ; un autre, la Grèce et les îles. Les villes d’Athènes, de Corinthe, de Thessalonique, de Philippes, renfermaient des communautés de Judéens. Sans aucun doute, Rome envoya des colonies judaïques du côté de l’ouest, vers le sud de la Gaule et de l’Espagne.

La première impression que les Judéens produirent sur les païens était antipathique. L’étrangeté de leur manière de vivre, de leur costume et de leur doctrine religieuse les faisaient considérer comme une race singulière et mystérieuse, une sorte d’énigme, objet tour à tour d’effroi et de risée. Le contraste entre le judaïsme et le paganisme était si absolu qu’il éclatait dans tous les actes de la vie. Tout ce que les païens révéraient était une