Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/314

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car c’est elle qui a assure l’existence de la famille judaïque et l’a faite immortelle. Persécutée dans un pays, elle allait se reformer dans un autre et y fondait des asiles pour sa Loi, qui lui devenait de plus en plus chère. C’étaient autant de grains semés par toute la terre pour y porter la connaissance du vrai Dieu et la saine morale. Si la colonisation grecque servit à répandre parmi les nations le goût des arts et de la science, si celle des Romains y développa la notion de l’État discipliné par la loi, la dissémination bien autrement considérable du plus ancien des peuples civilisés, du peuple judaïque, avait pour but, on ne saurait le méconnaître, de réagir contre les folies et les vices grossiers du paganisme. Toutefois, si éparpillée que fût cette famille, elle n’était nullement démembrée. Les Judéens dispersés avaient un centre commun le temple de Jérusalem et le grand Sanhédrin, objets de leur vénération et de leur amour. Là, de partout, se portaient leurs regards ; là, tous envoyaient leurs offrandes, afin de participer, fût-ce indirectement, au culte public. Le Sanhédrin leur dictait les règles de conduite au point de vue de la loi religieuse, et ils lui obéissaient d’autant plus volontiers qu’ils lui obéissaient sans contrainte. De temps en temps, le Sanhédrin envoyait des députés aux communautés, même les plus éloignées, afin de leur faire connaître ses décisions les plus importantes.

La fréquentation du temple par les Judéens domiciliés hors de Palestine cimentait l’unité de la nation. Telle était l’affluence de ces visiteurs qu’ils durent instituer à Jérusalem des synagogues spéciales, où ils se réunissaient pour la prière, et parmi lesquelles on cite celles des Alexandrins, des Cyrénéens, des Libertini, des Élyméens, des Asiatiques. On peut se faire une idée de l’immense population judaïque de cette époque en songeant que l’Égypte seule, depuis la Méditerranée jusqu’aux frontières de l’Éthiopie, renfermait prés d’un million d’Israélites. Dans une contrée voisine, la Cyrénaïque, il y en avait également un grand nombre qui avaient y été transportés d’Égypte ou y avaient émigré volontairement. En Syrie et particulièrement à Antioche, les Judéens formaient une partie notable de la population. Les successeurs d’Antiochus Épiphane leur avaient rendu les droits et l’égalité civique que ce forcené leur avait ravis. Un de ces rois