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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/345

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Plus encore qu’autrefois, les espérances messianiques bouillonnaient dans les esprits. Des enthousiastes surgissaient en foule, se posant en prophètes et en messies, et trouvaient créance auprès du peuple ; tous lui promettaient de l’affranchir du joug romain. Ce que les partisans de Juda le Galiléen voulaient obtenir par la force des armes, les successeurs de Theudas prétendaient le réaliser sans coup férir, par la seule puissance des miracles.

Un Judéen d’Égypte, qui se faisait passer pour prophète, réunit trois ou quatre mille partisans, les convoqua au mont des Oliviers et leur annonça que, du simple souffle de sa bouche, il jetterait bas les murs de Jérusalem et terrasserait les soldats romains. Ce visionnaire, du reste, n’était pas le seul qui eût prophétisé à ses frères des temps meilleurs. Et comment ces prophéties n’eussent-elles pas trouvé faveur chez un peuple justement fier de son passé, ivre des perspectives d’un consolant avenir, et qui aimait à se bercer de riantes espérances pour oublier les misères du présent ?

Ces faits, insignifiants en eux-mêmes, acquirent une triste importance, grâce au zèle maladroit des procurateurs. En effet, si le peuple, jaloux à l’excès de ses convictions religieuses, considérait la moindre atteinte portée à ses croyances comme une insulte au judaïsme, dont il rendait responsables procurateur, empereur et empire, les fonctionnaires impériaux, de leur côté, non moins susceptibles, voyaient dans tout mouvement populaire un cas de lèse-majesté et poursuivaient coupables et innocents avec une cruauté égale. En vain Claude et Néron lui-même montrèrent-ils les dispositions les plus bienveillantes à l’égard de la nation judaïque : les procurateurs, impérieux et cupides, outrepassaient leurs pouvoirs et se comportaient en tyrans. Les gouverneurs imposés successivement à la Judée furent presque tous, pour son malheur, de viles créatures qui ne devaient leur situation qu’aux favoris ou aux favorites de la cour, gens non moins méprisables. Pervers et violents, ils excitaient à l’envi le mécontentement du peuple et le poussaient aux résolutions extrêmes.

La série de ces procurateurs, avides de sang et d’or, s’ouvrit par Cumanus (49-53), qui avait succédé à Tibère Alexandre, mais seulement pour la Judée et la Samarie. A la Galilée, Claude avait