Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/351

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prérogatives judiciaires de Rome : ils obtinrent la déposition du grand prêtre sadducéen, dont le pouvoir usurpé n’avait duré que trois mois. Son successeur fut Josué ben Damnaï (61-62), qui dut bientôt céder la place à Josué ben Gamala (Gamaliel, 63-64). Ben Gamala avait épousé une opulente veuve, nommée Martha, de la famille pontificale de Boéthos. Cette femme obtint, dit-on, du roi Agrippa II, au pris de deux mesures de dinars d’or, la dignité de grand prêtre pour son mari. L’inimitié qui éclata entre Josué ben Damnaï et son heureux rival devint si violente, que leurs partisans échangeaient des injures et des coups de pierres dans les rues de Jérusalem.

Cependant, Josué ben Gamala ne doit pas être compté parmi les plus mauvais pontifes. La réforme et l’amélioration de renseignement, dont il fut le promoteur, témoignent de sa sollicitude pour l’intérêt général. C’est lui qui créa dans chaque ville des écoles publiques pour les enfants de plus de cinq ans. Mais Ben Gamala non plus ne garda pas longtemps ses fonctions : il dut céder la place à Matthia ben Théophilos (63), le dernier des vingt-huit pontifes élus par Rome et les Hérodiens. Le procurateur Albinus (61-64) prit surtout à tâche d’exterminer les sicaires. Il exaspéra le peuple par des redevances écrasantes, dont il s’adjugeait personnellement une partie. Lorsqu’il apprit que son successeur venait d’être désigné, il fit exécuter ceux des sicaires, ses prisonniers, qui étaient le plus gravement compromis, et relâcher les autres moyennant rançon. Ce sont ces mêmes sicaires mis en liberté qui ont, depuis, envenimé la résistance populaire et souillé, par leurs cruautés, la plus juste des causes.

Le dernier procurateur, Gessius Florus, une créature de Poppée, se montra si impudemment partial, si cupide et si sanguinaire, qu’il précipita l’exécution du projet, depuis longtemps caressé par les mécontents, de secouer le joug de la tyrannie romaine. Florus était un de ces êtres dépravés pour qui rien n’est sacré, qui sacrifient tout à la soif de l’or et se jouent des serments les plus solennels. Ce que ses prédécesseurs faisaient dans l’ombre ou sous l’apparence des formes légales, il osa le faire ouvertement, le front haut et au mépris de la loi. Inaccessible à