Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/371

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de Justus et de Josué ben Sapphia, entreprirent une expédition de représailles contre les villes dont les habitants avaient massacré d’une façon si odieuse leurs concitoyens judaïtes. — La ville de Gamala, sur la rive sud-est du lac, ville importante que sa situation élevée et ses abords difficiles rendaient presque inexpugnable, fut également poussée à la révolte par la haine de ses voisins de Syrie contre les Judéens.

Non loin de Gamala vivait une peuplade judéo-babylonienne qui, sous Hérode Ier, était venue s’établir dans la Batanée et y avait bâti plusieurs petites villes, ainsi que la forteresse de Bathyra. Les Babyloniens, comme on appelait cette colonie, étaient de fidèles partisans de la maison d’Hérode, et Philippe, un petit-fils du fondateur de la colonie, commandait les troupes d’Agrippa qui se battirent contre les zélateurs à Jérusalem. Lorsque les soldats d’Agrippa durent se rendre, leur chef fut sauvé, malgré l’avis de Menahem, par les Babyloniens qui se trouvaient dans les rangs des zélateurs, et cela grâce à sa promesse de se joindre à eux pour combattre les Romains. Cependant Philippe réussit à s’échapper de Jérusalem sous un déguisement et à rejoindre les siens. Son arrivée fut des plus désagréables à Varus, que le roi avait installé comme gouverneur à Césarée (ou Néromade) ; car Varus s’était bercé de l’espoir de remplacer Agrippa, que les partisans de Rome accusaient de favoriser sous main l’insurrection. Pour mener son projet à bonne fin, Varus excita les Syriens de Césarée de Philippe à tomber traîtreusement sur les Judéens, afin de supprimer des témoins gênants qui auraient pu dénoncer ses machinations à Agrippa. Mais, d’autre part, il craignait les Babyloniens et Philippe, qui chercheraient sûrement à venger le massacre de leurs coreligionnaires. Il résolut donc d’attirer Philippe auprès de lui afin de s’en débarrasser. Heureusement Philippe se trouvait alité, en proie à une fièvre violente, gagnée à la suite des derniers événements. Varus réussit néanmoins à attirer soixante-dix des principaux Babyloniens, qui furent massacrés pour la plupart. A cette nouvelle, les Babyloniens éprouvèrent une vive frayeur et, ne se sentant plus en sûreté dans leurs villes, ils se réfugièrent en toute hâte à Gamala. Ils brillaient de se venger non seulement de Varus, mais encore