Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/372

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des Syriens qui l’avaient soutenu. Philippe, lui aussi, s’était réfugié dans cette forteresse et n’eut pas peu de peine à empêcher ses gens d’entrer en campagne. Même après la révocation de Varus par Agrippa, les Babyloniens de Batanée étaient encore tellement surexcités et disposés à se joindre aux ennemis des Romains, que le roi dut envoyer à Philippe l’ordre formel de les éloigner de Gamala et de les ramener en Batanée. De là une violente effervescence chez les habitants, et des démonstrations hostiles contre les Babyloniens qui les quittaient. Joseph, le fils d’une sage-femme, excita, par ses discours passionnés, la jeunesse de Gamala à se révolter contre Agrippa et à reconquérir son indépendance. Le volcan de la révolution s’était ainsi créé en Galilée plusieurs foyers d’éruption, et en maints endroits on en sentait gronder la flamme avant même que Josèphe ben Matthia eût pris le gouvernement du pays au nom du Grand Sanhédrin. Seule la ville de Sepphoris, qui était à vrai dire la plus importante de la Galilée, resta fidèle aux Romains et ne se laissa pas entamer par l’esprit de révolte. Aussi la Galilée entière était-elle vivement ulcérée contre Sepphoris. Les habitants de Tibériade étaient particulièrement irrités contre cette ville qui, sous Agrippa II, avait disputé le premier rang à la leur et avait été déclarée capitale du royaume. C’était précisément la tâche du gouverneur de la Galilée de rebâtir l’entente entre les deux villes et de gagner les habitants de Sepphoris à la cause de l’insurrection. Une grave responsabilité pesait donc sur Josèphe ben Matthia : il dépendait de lui que cette révolution, si désespérément poursuivie, touchât au but désiré ou se terminât par un tragique avortement. Malheureusement, Josèphe n’était pas l’homme qu’il fallait pour ce gigantesque effort, et ses actes ne servirent qu’à précipiter la ruine de l’État judaïque.

Josèphe ben Matthia, plus connu sous le nom de Flavius Josèphe, de Jérusalem (né en l’an 38, mort, selon toute apparence, en 95), était issu d’une famille sacerdotale fort considérée, et, par sa lignée maternelle, se rattachait, dit-on, à la famille des Hasmonéens. Grâce à une éducation soignée et à la fréquentation des docteurs, il possédait un certain acquis dans la science de la Loi. Il raconte lui-même avoir été, pendant trois ans, disciple