Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/381

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derrière lui dans sa marche vers la Judée. L’armée romaine s’avança donc vers les forteresses du nord de la Galilée, notamment Gabara et Jotapata. Gabara, dépourvue de défenseurs, fut aisément prise, puis livrée aux flammes. Toute la population fut passée au fil de l’épée, sur l’ordre du général, comme victime expiatoire de la défaite des Romains devant Jérusalem. Toutes les petites villes et les villages des environs eurent le même sort : leurs habitants furent massacrés ou vendus comme esclaves. Ainsi, dès le début, la guerre prenait un caractère de sauvage vengeance. Pour Josèphe, il se tenait à l’écart dans Tibériade, terrifiée et consternée par sa fuite. En ce moment déjà, il songeait à passer à l’ennemi, mais une sorte de honte le retenait encore : déserter ainsi dès le début de la guerre, c’était par trop d’ignominie. Il écrivit donc au Sanhédrin pour lui dépeindre la situation, lui demander des instructions et des ordres : fallait-il entamer des négociations avec l’ennemi ou continuer la lutte ? Dans ce dernier cas, il réclamait des renforts. Ainsi, la Galilée, dont la population était plus dense que celle de la Judée et qui comptait plus de trois millions d’âmes, avait déjà besoin de renforts, tant elle était affaiblie et désorganisée par la coupable conduite de Josèphe.

De Gabara, Vespasien se dirigea sur Jotapata ; mais, pour y arriver, l’armée romaine dut se frayer à grand’peine un chemin, car les Judéens avaient barré les défilés, obstrué les vallées et rendu les routes impraticables. Le rocher sur lequel était bâtie la ville est entouré de collines escarpées, séparées de la forteresse par des précipices profonds. La place n’était accessible que par le côté nord; mais les habitants avaient fortifié cette route par un retranchement et par plusieurs tours. On y avait accumulé des quartiers de rocher, des javelots, des flèches, des frondes, des moyens de défense de toute sorte. C’est là que les Romains dirigèrent leurs attaques. Ils dressèrent soixante machines de siège qui lançaient sans interruption sur la forteresse des javelots, des pierres et des brandons garnis de matières inflammables. Toutefois, les assiégés se défendirent avec un désespoir et un mépris de la mort qui lassèrent leurs ennemis. Ils repoussèrent plusieurs assauts, détruisirent à mainte reprise les travaux de siège, firent