Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/382

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même des sorties habiles et parfois heureuses. Après plus de quarante jours de siège (17 iyar — 1er tammuz), les Jotapatiens tenaient encore, et la ville ne fut prise que par la trahison d’un transfuge qui indiqua aux ennemis un poste peu garni de défenseurs. Les Romains, avant le point du jour, pénétrèrent par cet endroit dans la ville, surprirent les guerriers fatigués et assoupis et les massacrèrent jusqu’au dernier. Beaucoup de Judéens se donnèrent eux-mêmes la mort en se perçant de leur épée ou en se jetant du haut des murailles. Ce siège coûta la vie à 10.000 hommes, et plus d’un millier de femmes et d’enfants furent réduits en esclavage. La forteresse fut rasée (1er tammouz ; juin 67). Jotapata montra par son exemple, au reste du pays, comment il fallait mourir en gardant l’honneur sauf. Quelques jours auparavant, Jappa (Japhia), près de Nazareth, qui devait inquiéter les derrières de l’ennemi, était tombée en son pouvoir.

Josèphe était venu à Jotapata avant le siège de la ville, et avait, au début, dirigé la résistance. Bientôt, la jugeant inutile, il songea à quitter la place, mais les habitants l’en empêchèrent. Lorsqu’elle tomba au pouvoir de l’ennemi, il se cacha dans une citerne où s’étaient déjà réfugiés quarante guerriers judéens. Cependant leur retraite fut révélée aux Romains, qui sommèrent Josèphe de se rendre. Celui-ci, écartant toute hésitation, était prêt à sortir et à se rendre aux Romains, sur l’assurance que lui avait donnée son ami Nicanor d’avoir la vie sauve ; mais ses compagnons lui mirent l’épée sur la gorge et menacèrent de le tuer s’il déshonorait le judaïsme par une telle lâcheté. Forcé de céder au nombre, Josèphe dut se soumettre à la résolution commune de se donner la mort. Les malheureux fugitifs jurèrent d’exécuter leur résolution et, fidèles à leur serment, s’entr’égorgèrent tous. Seul, Josèphe, qui lui aussi avait juré de mourir, manqua de parole aux morts, comme il l’avait fait aux vivants. Resté seul avec le dernier de ses compagnons, il le désarma, moitié de gré, moitié de force, puis il se rendit aux Romains. Vespasien le traita avec beaucoup d’égards et comme s’il n’avait jamais vu en lui un ennemi. Josèphe, à la vérité, fut mis aux fers et placé sous bonne garde, mais seulement pour la montre. En effet, Vespasien lui permit de se choisir une femme parmi les