Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui ne purent supporter ce poids et s’écroulèrent en les ensevelissant sous leurs ruines. Les gens de Gamala poursuivirent les fuyards en leur jetant d’énormes quartiers de roche, si bien que la retraite leur devenait presque impossible. Cela se passait pendant la fête des Tentes. Ce fut un beau jour pour Gamala, un jour de victoire, mais d’une victoire chèrement payée. Sous les cadavres des Romains gisaient entassés ceux d’une foule de Judéens, héros dont la perte était irréparable. Charès, un des chefs, était blessé à mort. Le lendemain, l’ennemi attira les Judéens sur une tour qu’il faisait semblant d’attaquer, mais cette tour était minée et elle s’écroula avec un fracas épouvantable, ensevelissant sous ses décombres les braves défenseurs de la ville avec leur dernier chef survivant, Joseph, le fils de la sage-femme. Inutile, dès lors, de songer à une plus longue résistance. Les Romains entrèrent dans la ville et égorgèrent tout ce qui leur tombait entre les mains, environ 4.000 hommes. Près de 5.000 autres se donnèrent eux-mêmes la mort ; et de toute la population de Gamala, il ne survécut que deux jeunes filles. Dans cet intervalle, la forteresse du mont Thabor (l’Itabyrion) avait été également prise, grâce à un stratagème de Placidus. Cette forteresse était située sur une hauteur abrupte, isolée de toutes parts, et qui s’élève sur la plaine de Jezréel, à près de 1.600 pieds du sol. Cette position la rendait inexpugnable. Mais Placidus, par une fuite simulée, attira au dehors les défenseurs de la forteresse ; puis il fit faire volte-face à sa cavalerie, qui massacra les poursuivants. Ceux qui étaient restés dans la place, jugeant la résistance impossible, s’enfuirent par l’autre côté de la montagne, vers Jérusalem. Les habitants, affaiblis et souffrant du manque d’eau, durent se rendre.

La petite ville de Gischala, oit commandait Jean et qui comptait peu de défenseurs, ne pouvait tenir contre les Romains. Lorsque Titus s’en approcha avec des forces considérables et somma la garnison de se rendre, Jean lui demanda un armistice d’un jour, ce jour était précisément celui du sabbat, et il profita de cette trêve pour quitter la ville avec plusieurs milliers d’habitants. Le lendemain, Gischala ouvrit ses portes, et ses murailles furent rasées. Titus envoya un corps à la poursuite de Jean, mais