Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui-ci, qui avait de l’avance, put gagner Jérusalem. Quant à ceux des fugitifs qu’on put atteindre, ils furent massacrés, sans distinction d’âge ni de sexe. Ce fut l’agonie de la Galilée vaincue. Cependant, les Romains étaient tellement épuisés par ces luttes sanglantes, et leurs rangs s’étaient tellement éclaircis, que Vespasien dut accorder un peu de repos à son armée et remplir les nombreux vides qu’y avait faits la mort.


CHAPITRE XIX


DESTRUCTION DE JÉRUSALEM ET DE L'ÉTAT JUDAÏQUE.
(67-76)


Jérusalem était le point de ralliement de tous les fugitifs de Galilée. Jean de Gischala y avait amené plusieurs milliers des siens, et il en était venu environ deux mille de Tibériade. La liberté, le patriotisme, l’ambition, la vengeance, le désespoir avaient amené leurs combattants là où le dénouement suprême devait s’accomplir. La description, par les zélateurs galiléens, des luttes héroïques de leurs frères et des massacres exercés par les Romains sur des ennemis faibles et désarmés, fit bouillonner le sang des guerriers de Jérusalem et surexcita leur fiévreuse impatience. Dans ce milieu brûlant de fanatisme, les timides devenaient courageux, les courageux téméraires. Les défenseurs du pays, dont le nombre grossissait chaque jour et dont la plupart avaient déjà donné des preuves d’héroïsme, s’estimaient invincibles. Lorsqu’ils considéraient les puissantes fortifications de la capitale, tout vestige de crainte s’effaçait de l’esprit des zélateurs. Il faudrait que les Romains eussent des ailes, se disaient-ils, pour s’emparer de ces retranchements, de ces tours, de ces murailles défendues par des hommes au cœur d’acier. Si la