Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/386

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prise des bicoques de Galilée avait coûté tant de peines et d’efforts aux Romains, qu’aurait donc à craindre la capitale aux fortifications puissantes ? — Ce qui entretenait, d’ailleurs, ces dispositions belliqueuses, c’était la conviction que l’ère de délivrance annoncée par les prophètes était imminente, qu’on verrait incessamment paraître ce Messie, objet d’une si longue attente, qui donnerait au peuple israélite le sceptre de la terre. Sans plus se désoler de la perte de la Galilée et de la mort de tant de braves, on frappait des monnaies avec cette légende : Dans la première année (ou dans la deuxième année) de la délivrance d’Israël, et l’on y inscrivait le nom de Siméon, prince d’Israël. Les zélateurs se croyaient trop bien en sûreté, et cette confiance ne devait pas être moins funeste que la trahison de Josèphe et la perte de la Galilée. Jamais Jérusalem n’avait été si populeuse, si belle et si forte qu’en ce moment où elle se trouvait sur le penchant de sa ruine : il semblerait que le sort de cette cité dût servir de leçon pour démontrer la vanité de la force matérielle et de l’éclat extérieur. Pris à l’intérieur des murs d’enceinte, le périmètre de Jérusalem mesurait près de 7.000 mètres (33 stades), en y comprenant les faubourgs de Béthanie (Bet-Hiné), et de Bethphagé, où logeaient les pèlerins à l’époque des fêtes. Il n’est pas possible de déterminer exactement le chiffre auquel s’élevait alors la population de Jérusalem. Un document l’évalue à 600.000 âmes, mais il faut y ajouter sans doute la masse de peuple accourue du dehors.

Les zélateurs de Jérusalem, trop confiants dans leurs forces, ne paraissent avoir rien tenté pour enflammer le zèle des provinces, en vue de gagner à leur cause les amis de la paix ou de les réduire à l’impuissance. Les riches et les prudents, qui ne se promettaient aucun avantage de la continuation de la lutte, étaient tout disposés à la soumission ; les jeunes gens et les pauvres entretenaient seuls la fièvre révolutionnaire. Chaque famille, chaque communauté était tiraillée par le désaccord entre les partisans de la paix et ceux de la guerre. Ces derniers, ne trouvant pas d’appui dans les villes ouvertes, s’en allaient à Jérusalem, où ils grossissaient les rangs des zélateurs. Seule, la forteresse de Massada, où commandait Éléazar ben Jaïr, était un foyer