Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/408

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Cette place, bâtie par Alexandre Jannée et fortifiée par Hérode, était située de l’autre côté du Jourdain, dans le voisinage de la mer Morte ; entourée de tous côtés de pentes abruptes et de gorges profondes, elle était presque imprenable. Mais la capture d’Éléazar, son jeune et héroïque défenseur, la força de se rendre. Bassus l’ayant fait mettre à la torture et semblant se disposer à le faire crucifier, les assiégés, émus de pitié à cette vue, promirent de se rendre si l’on épargnait leur chef. Bassus tint parole à ceux qui avaient négocié avec lui ; mais de la population qui demeurait dans la partie inférieure de la montagne et qui n’était pas comprise dans la capitulation, il fit massacrer environ 4.700 hommes et jeunes gens et vendit comme esclaves les femmes et les enfants.

Trois mille zélateurs qui, sous la conduite de Juda ben Jaïr, avaient pu sortir de la ville par une galerie souterraine et trouver un abri dans un bois voisin du Jourdain, étaient venus se joindre aux fugitifs de Macherous : tout à coup ils se virent enveloppés par les Romains qui, après un combat acharné, les massacrèrent tous. La mort empêcha Bassus de s’emparer de Massada ; Silva, son successeur, entreprit à son tour cette œuvre difficile. Bâtie par le prince maccabéen Jonathan et fortifiée également par Hérode, cette forteresse était encore plus inaccessible que Macherous. La garnison, qui se composait d’un millier de zélateurs, avec leurs femmes et leurs enfants, commandés par Éléazar ben Jaïr, un descendant de Juda le Gaulanite, avait des vivres, de l’eau et des armes en abondance. Elle se défendit avec le courage qui caractérisait les zélateurs en général. Mais les machines des Romains ébranlèrent une des murailles : la deuxième, en bois, bâtie par les assiégés, fut incendiée par les matières inflammables que les Romains y lancèrent. Désespérant de pouvoir tenir avec des forces si médiocres, Éléazar exhorta ses gens à se donner eux-mêmes la mort, pour ne pas tomber aux mains des ennemis. Entraînés par ses paroles, tous égorgèrent leurs femmes et leurs enfants, puis se tuèrent eux-mêmes. C’était le 1er jour de la Pâque (73). Un silence de mort régnait dans Massada quand les Romains y pénétrèrent, et ils n’aperçurent d’autres êtres vivants que deux femmes et cinq enfants. Telle fut, sur le sol de la Judée, la fin des derniers zélateurs.