Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/411

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s’employa en sa faveur, et obtint son acquittement et celui de ses coaccusés. Jonathan fut d’abord passé par les verges, puis brûlé vif. Telle fut la fin de cette agitation zélotique, qui apporta de si douloureuses épreuves à une grande partie du monde juif dans l’empire romain. Plus heureux toutefois que les autres, les zélateurs qui s’étaient réfugiés dans l’Arabie du Nord, dans la contrée de Yathrib (Médine), réussirent à y fonder un établissement et à s’y maintenir jusqu’au VIIe siècle. Le rôle qu’ils y ont joué, dans des circonstances toutes différentes, n’a pas été sans importance.

La lutte étonnante soutenue par les Judéens contre Rome avait excité dans la société romaine un intérêt si vif, que plusieurs écrivains éprouvèrent le besoin de la raconter. Les auteurs païen le firent naturellement avec partialité. Par flatterie pour les vainqueurs et par haine pour les vaincus, ils amoindrirent de leur mieux les exploits héroïques des Judéens. Josèphe, malgré son dévouement aux intérêts romains, s’indigna de cette partialité ; ce qui lui restait de sentiment israélite ne lui permettait pas de se résigner à voir sa nation accusée de lâcheté. Il rassembla donc les souvenirs et les événements de sa vie, et, avec ces matériaux, il écrivit (75-79) l’histoire de la guerre de Judée et de ses origines. L’ouvrage se composait de sept livres. Mais Josèphe non plus ne pouvait être impartial : sa personnalité était trop intéressée dans cette histoire. Il soumit son livre à Vespasien et à Titus; celui-ci lui donna l’autorisation de le publier. L’histoire était donc arrangée de manière à pouvoir être lue et approuvée par les maîtres. Mais quelques années auparavant (vers 73), Justus de Tibériade avait composé, lui aussi, une histoire de la guerre judaïque, où il accusait Josèphe d’avoir été l’ennemi des Romains, d’avoir provoqué l’insurrection de la Galilée, et où il contestait la prétention de cet homme, qui se vantait de descendre des hasmonéens. Ainsi, la guerre des armes, à peine terminée, se continuait par une guerre de plume entre les représentants des deux partis hostiles. Justus, à vrai dire, n’était pas, lui non plus, un modèle de toutes les vertus. Après avoir été le chef de la révolution en Galilée, après avoir dirigé une expédition de représailles contre les Grecs du voisinage, il était passé du côté d’Agrippa, qui, sur les instances de Bérénice, lui fit grâce et le combla de présents. Entré alors au