Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

service d’Agrippa, Justus fut jeté deux fois en prison, puis exilé, et, sans l’intervention de Bérénice, il eût été condamné à mort. Après lui avoir, pour la seconde fois, fait grâce de la vie, Agrippa le nomma son secrétaire particulier. Sans doute, Justus connaissait plus d’un secret dont la divulgation eût été désagréable à Agrippa.

Josèphe a dû probablement taire certains faits et gestes de ce prince pendant et après la guerre ; mais tous ces secrets étaient connus de Justus, et il les révéla dans son histoire de la guerre de Judée. Toutefois, il laissa son œuvre inédite pendant vingt ans, et il ne la publia que le jour où il reconnut — avec une indignation patriotique ou une rage jalouse — que son ennemi était en faveur, même auprès du successeur de Titus, l’exécrable Domitien.

Du reste, aucun de ces deux écrivains n’avait un sentiment bien profond de la sincérité qui s’impose, comme une obligation sacrée, à tout historien.

Dans l’ouvrage de Josèphe, la Guerre de Judée, il est impossible de méconnaître la mauvaise foi avec laquelle il noircit ses ennemis. S’il a droit, comme historien, aux lauriers littéraires, il n’a droit en aucune façon à la couronne civique, ni comme ami de la vérité, ni comme ami de sa patrie.

Jérémie enchaîné, assis et gémissant sur les ruines de Jérusalem, ferme la première période de l’histoire d’Israël. Josèphe, écrivant tranquillement l’histoire de son peuple dans le palais des Césars, au milieu des splendeurs romaines, ferme la seconde période de cette même histoire.