Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/42

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Judéens une influence stimulante. Rencontrant sans cesse dans leur plus proche voisinage des pratiques contraires aux leurs, des idées et des doctrines qui les froissaient au plus profond de l’âme, ils durent se recueillir afin de se rendre compte de leur propre essence. Ce sont les Samaritains qui les ont incités à se connaître eux-mêmes. Qu’est-elle au vrai cette chose qui les distingue non seulement du monde païen, mais encore de ces voisins adorant le même Dieu qu’eux et prenant pour base le même livre ? Alors seulement cette pensée, qu’ils avaient une religion propre, s’accusa nettement pour eux ; c’est par le contraste que se fit jour, dans leur conscience, la notion du judaïsme. Elle ne s’appliquait plus désormais à une nationalité, mais à une confession religieuse. Le nom de Judaïtes ou Judéens (Juifs) perdit sa signification de tribu particulière et désigna dès lors, d’une façon générale, les sectateurs du judaïsme, qu’ils appartinssent à la tribu de Juda ou à celle de Benjamin, qu’ils fussent Aaronides ou Lévites. Ce qui constituait avant tout cette croyance, c’était de reconnaître le code de la Thora comme révélé directement de Dieu par l’organe de Moïse. Autant le peuple, en général, était autrefois indifférent à l’endroit de ce code fondamental, autant il l’honora et le glorifia dans les temps qui suivirent l’action d’Ezra et de Néhémie. La Thora fut considérée comme le résumé de toute sagesse et révérée comme telle. La poésie hébraïque, toujours vivace encore, l’exalta par les plus pompeuses louanges.

Il s’ensuit naturellement que la Thora devint la loi fondamentale de la petite république de Juda. Quoi qu’il s’agit de faire ou de ne pas faire, on se préoccupait de savoir si c’était conforme à ce qui est écrit. — L’esclavage, en ce qui concerne les indigènes, disparut complètement. Si un Judéen voulait se vendre comme esclave, il ne trouvait point d’acheteur. Aussi l’institution du Jubilé n’eut-elle plus de raison d’être, ayant pour but essentiel de procurer la liberté aux esclaves. En revanche, on observa strictement l’année sabbatique, eu égard aux personnes et aux terres. Chaque septième année éteignait les dettes des pauvres, et les champs y restaient en friche. Précédemment déjà, selon toute apparence, les favoris juifs des rois de Perse avaient obtenu que, dans cette année de chômage, les redevances agricoles fussent