Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/49

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Comme cette lecture terminait d’ordinaire l’office du matin, on l’appela la Clôture (Haphtarah). Comme conséquence de cette mesure, on sentit le besoin de recueillir les livres des prophètes et d’en arrêter la liste, ou plutôt de décider lesquels devaient en faire partie, lesquels en être exclus. Ce départ, selon toute apparence, fut l’œuvre des législateurs de l’époque des sôpherim. La collection comprit, en premier lieu, les quatre livres historiques (Josué, les Juges, Samuel, les Rois), puis les trois grands recueils qui portaient les noms des prophètes Isaïe, Jérémie et Ézéchiel, enfin les douze petits prophètes (Osée, Jo, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie). Par le fait d’être ainsi admise et consacrée pour l’usage du culte, la littérature prophétique acquit un caractère de sainteté et de canonicité, elle fut reconnue Écriture sainte, inférieure sans doute à la Thora, néanmoins la plus rapprochée d’elle comme sainteté du second degré.

Telle fut l’organisation du culte à l’époque des sôpherim. Il était simple et édifiant, n’offrait rien de redondant, d’onéreux ni d’abusif, et répondait bien à l’esprit des temps antiques, à celui des prophètes et des psalmistes. Un seul élément étranger s’y était introduit, la croyance et l’espoir d’une résurrection future, devant s’accomplir à l’époque bénie et bienheureuse du Jugement dernier. Tout le reste était puisé à la pure source de la doctrine primitive. Les habitants des villes voisines de la capitale, ayant souvent, même en dehors des jours de fête, l’occasion de se rendre à Jérusalem, et y assistant au service divin, l’organisèrent sur le même plan dans leurs propres localités. On n’eut pas besoin de les y déterminer par des prescriptions impératives. Ainsi naquirent, au moins dans les villes de province, des maisons de prière ou synagogues, où fut introduit le rituel qui constitue, aujourd’hui encore, le fond du culte public dans les communautés juives.

Les sacrifices, dans le temple, marchaient de compagnie avec la prière, réglés strictement, eux aussi, d’après les prescriptions du Pentateuque. Ces deux expressions du culte formaient une seule unité, se complétaient mutuellement et s’empruntaient leurs caractères respectifs. Le culte spirituel se subordonnait, quant à