Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/50

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l’heure, au culte matériel. Au même moment où les prêtres offraient les sacrifices, trois fois par jour, les communautés se réunissaient pour l’office dans les synagogues. Aux jours de sabbat et de fête, où des sacrifices spéciaux étaient offerts en raison de la circonstance (korban moussaph), la communauté s’assemblait pareillement une quatrième fois pour la prière (tephillath mousaph). Et d’autre part le culte des sacrifices ne pouvait exclure absolument la parole vivante, lui aussi devait quelque peu se spiritualiser, et il fit entrer le chant des psaumes dans le programme de ses rites : tant était puissante l’influence de cette sublime poésie !

Toutefois, dans l’économie du temple et des sacrifices, il y avait un élément considérable, de nature à effacer cette divine influence et à paralyser les élans de l’âme vers l’idéal. Cet élément, c’était la question de pureté et d’impureté. Déjà la Thora, sans doute, avait édicté à cet égard des dispositions précises. Un homme impur n’avait le droit ni d’offrir des sacrifices, ni d’entrer dans l’enceinte du sanctuaire, ni de consommer aucune chose sainte. La Thora indique différents degrés de souillure plus ou moins grave. Elle explique d’ailleurs comment les personnes impures ou souillées peuvent rentrer en état de pureté, et détaillé la marche à suivre : c’est par une immersion dans de l’eau de source que doit s’opérer la purification définitive. Or, toutes ces règles de la pureté lévitique n’auraient pas acquis une si grande importance, n’auraient pas envahi à ce point toutes les conditions de la vie, si les Judéens ne se fussent trouvés pendant des siècles, au dedans comme au dehors de leur pays, en contact avec les Perses, qui avaient des lois de pureté bien plus rigoureuses encore et qui les pratiquaient avec un scrupule excessif.

Tant que dura la domination persane, les Judéens voyaient régner autour d’eux le magisme, ou la religion des mages ; dans leur propre pays, et plus encore à l’étranger, ils entendaient tous les jours parler de ses doctrines et de ses lois, ils en avaient sans cesse les pratiques sous les yeux. Ils ne manquèrent pas de s’apercevoir que bien des points offraient, à la forme près, des analogies frappantes avec leurs propres lois et coutumes, et ils