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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/60

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aux Judéens des marques de bienveillance. On raconte que le grand prêtre s’avança à sa rencontre, vêtu de ses saints ornements, suivi d’un cortège de prêtres et de Lévites, et que le jeune héros, à cette vue, fut saisi d’une telle émotion qu’il le salua lui-même avec déférence, passant de la colère à la plus tendre sympathie, parce que, — ainsi qu’il l’expliqua à son entourage, — la figure de ce pontife, avec le même costume, lui était apparue en songe dans la Macédoine et lui avait promis l’empire du monde. Le personnage en question serait, d’après une légende, le grand prêtre Jaddua (Jaddus) ; d’après une autre, son petit-fils Siméon.

L’entrevue d’Alexandre avec les représentants de la nation juive se passa sans doute de la façon la plus simple. Le grand prêtre (peut-être bien Onias Ier, fils de Jaddua et père de Siméon) doit être allé avec les Anciens, comme la plupart des rois et des princes du pays, au-devant du vainqueur, lui avoir rendu hommage et promis obéissance. Prince généreux et magnanime, terrible seulement à ceux qui osaient lui tenir tête, Alexandre laissait, en général, les peuples soumis à son empire en possession de leurs lois, de leurs doctrines et de leurs pratiques religieuses ; il n’imposait à personne les idées helléniques. Ce qu’il accordait à tous les peuples, il n’a pas dû le refuser au peuple juif, il a dû lui permettre, au contraire, de vivre selon ses propres lois. Les Judéens avaient simplement à payer aux gouverneurs macédoniens les redevances rurales, fournies jusqu’alors aux satrapes persans ; mais, la septième année de chaque période sabbatique, ils étaient exempts de cette obligation. Des guerriers Judaïtes s’enrôlèrent aussi dans l’armée d’Alexandre.

Le premier contact de l’hellénisme et du judaïsme, chargés tous deux d’une mission civilisatrice différente, ce premier contact, dans la personne de leurs représentants, fut donc tout amical ; seulement, l’un entrait en scène dans tout son éclat et toute sa puissance, l’autre dans sa faiblesse et en posture de suppliant. — La Judée devint l’enclave d’une province située entre l’Égypte au sud, les monts Taurus et Liban au nord, et qu’on nomme Cœlé-Syrie ou la Syrie creuse, pour la distinguer de la haute Syrie. Le gouverneur de ce vaste territoire, divisé autrefois en tant d’États indépendants, résidait à Samarie, qui doit en conséquence avoir