Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/61

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été une ville fortifiée et populeuse. Elle devait cet avantage ou ce danger à sa situation centrale et à la fertilité de son territoire. Ce gouverneur, placé par Alexandre à la tête de la Cœlé-Syrie, avait nom Andromaque. Pourquoi cette distinction, flatteuse en apparence, déplut-elle aux Samaritains ? Se sentaient-ils gênés dans leurs mouvements par la présence d’un gouverneur ? On bien étaient-ils mécontents qu’Alexandre eût témoigné plus de bienveillance aux Judéens, qu’ils détestaient ? Telle était leur exaspération que, sans se préoccuper des conséquences de leur audace, ils s’insurgèrent contre Andromaque, se saisirent de sa personne et le jetèrent dans le feu (au printemps de 331). A la nouvelle de cet attentat commis sur un de ses officiers, Alexandre entra dans une violente et légitime colère. Quoi ! toute l’Égypte était à ses pieds, les fiers pontifes se courbaient devant lui, proclamaient hautement sa grandeur, et un misérable petit peuple osait le braver ! Comme il revenait d’Égypte avec le dessein d’asservir la Perse, il courut à Samarie pour châtier les coupables. Il les fit périr dans d’effroyables tortures et peupla leur ville de Macédoniens. Alexandre parait avoir infligé d’autres humiliations encore aux Samaritains. Comme il ne pouvait ignorer leur inimitié à l’égard des Judéens, il prodigua ses faveurs à ceux-ci, pour faire mieux sentir à ceux-là leur disgrâce.

Quelques territoires mitoyens entre la Judée et la Samarie avaient été une cause fréquente de querelles entre les habitants des deux pays : il les adjugea aux Judéens et, probablement sur leur demande, exempta également ces terres de l’impôt à l’époque de l’année sabbatique. Concession insignifiante pour lui, précieuse pour les intéressés, et qui redoubla la haine des Samaritains pour leurs ennemis. Chaque coup de vent jetait une nouvelle flammèche dans ce foyer.

Néanmoins, tant que subsista la puissance d’Alexandre, les Samaritains durent ronger leur frein : il ne souffrait point qu’aucun peuple, dans toute l’étendue de son empire, fit un mouvement sans sa permission. La marche foudroyante de l’heureux conquérant jusqu’à l’Indus et au Caucase exerçait une sorte de fascination sur les esprits et paralysait toute velléité d’indépendance.

Partout où il ne faisait point la guerre, depuis la Grèce jusqu’aux