Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/83

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dans le sanctuaire et y commettre une spoliation. Une circonstance inconnue, que la piété populaire nous a transmise sous la forme légendaire du miracle, empêcha Héliodore de consommer cette profanation. Il revint chez le roi les mains vides.

Mais Simon ne se tint pas pour battu, et il chercha à renverser ce grand prêtre, objet de son implacable haine. Il l’accusa de s’être opposé à ce qu’on mit la main sur le trésor du temple; il alla même, dit-on, jusqu’à soudoyer des assassins pour se débarrasser d’Onias. Celui-ci comprit qu’il n’y avait pas d’autre moyen de rendre la paix et la tranquillité à la capitale judaïque que de faire connaître au roi les partis qui la déchiraient, de lui dévoiler la perversité de ses ennemis personnels et d’obtenir contre eux son assistance. Il résolut donc de se rendre à Antioche, et délégua son frère Jésua, dit Jason, pour le remplacer comme grand prêtre. Les Hellénistes profitèrent de son absence pour intriguer plus que jamais contre lui, essayer de le précipiter du pouvoir et de s’emparer du pontificat. Un grand prêtre sorti de leurs rangs serait maître et des trésors du temple et de l’esprit du peuple ; il pourrait favoriser l’introduction des nouveautés qui leur étaient chères et leur donner l’appui de son autorité spirituelle. Les Hellénistes étaient dégénérés à ce point qu’il n’y avait plus rien de sacré pour eux. Cependant, quelque secrètes que fussent d’abord leurs menées contre Onias absent, ils ne purent les dissimuler jusqu’au bout, et ceux-là durent en être profondément ulcéré, qui voyaient, dans la destruction de l’ordre antique et dans le dédain des traditions, un crime impardonnable.

Un poète gnomique, que cette situation contristait au plus profond de son cœur, tenta d’arrêter ses concitoyens sur cette pente qui les menait droit à l’abîme. C’était Jésua (Jésus) Sirach, fils d’Éléazar, de Jérusalem (200-176). Les aberrations qu’il voyait envahir de plus en plus sa ville natale le remplissaient de douleur et lui inspirèrent la pensée de composer un livre de sentences destiné à éclairer ses frères sur le danger de leurs tendances et à les ramener dans la bonne voie de leurs pères. C’était un fruit tardif de la littérature gnomologique. La Loi, les Prophètes et autres écrits de cette nature, riches en leçons morales, étaient