Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/85

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le grand prêtre de sa dignité et l’attribuer à un des leurs, bien qu’étranger à la descendance d’Aaron. Le pontificat devait-il rester le privilège héréditaire d’une seule famille ? Telle était la question soulevée par les ambitieux. A ces propos téméraires, à ces attaques dirigées contre les institutions les plus saintes, Sirach opposa aussi sa remontrance sentencieuse. Il l’indique par des allusions discrètes, n’osant appeler la chose de son vrai nom :

Pourquoi un jour surpasse-t-il un autre jour,
Alors que tous doivent leur lumière au soleil ?
C’est la sagesse du Seigneur qui les distingua
En déterminant des époques et des solennités.
Il a privilégié et sanctifié certains jours,
Il en a destiné d’autres au travail.
Ainsi tous les hommes sont fils de la poussière,
C’est d’un peu de terre qu’Adam fut façonné,
Et cependant Dieu Ies a différenciés dans sa sagesse :
... Tels d’entre eux, il les a élevés et bénis,
Il les a sanctifiés et rapprochés de lui-même...

Le choix d’une famille spéciale pour le service du temple, — veut dire le poète, — est d’institution divine, tout comme le choix incontesté de certains jours pour la célébration des fêtes. Nul ne peut, sans témérité, porter atteinte à cette économie divine. Sirach montre à ses contemporains, par des exemples tirés de l’histoire du peuple israélite, combien le respect de la Loi et des institutions à d’heureuses conséquences, quelles suites funestes, au contraire, entraîne leur violation. C’est dans ce but qu’il déroule la longue série des personnages dont l’histoire a conservé le souvenir, et rappelle sommairement leurs actions bonnes ou mauvaises. A cette occasion, et avec une arrière-pensée évidente, il raconte la révolte de la faction de Coré contre Aaron, de ces téméraires qu’une jalousie dévorante animait contre lui ; mais ils furent à leur tour dévorés par les flammes, et la dignité d’Aaron en reçut un nouveau lustre : avertissement indirect aux envieux du grand prêtre Onias, descendant d’Aaron, de ne pas s’exposer au triste sort de la faction de Coré. Il s’arrête avec la même complaisance sur l’épisode de Phinéès, petit-fils d’Aaron, « le troisième en gloire »,