Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En Judée, on suivait la marche de cette guerre avec la plus grande anxiété. Si l’Égypte avait le dessus, on pouvait espérer de voir cesser la triste situation créée par ce grand prêtre imposé et odieux à tous. La cour d’Égypte était favorable au parti national judaïque, et accueillait les patriotes qui y cherchaient un refuge contre la tyrannie d’Antiochus et de Ménélaüs. Or, le bruit courut tout à coup qu’Antiochus avait succombé, et une vive émotion s’empara aussitôt des esprits. Le pontife révoqué Jason (Jésus) quitta l’Ammonitide, où il avait trouvé asile, et accourut à Jérusalem, à la tête d’un corps d’armée, dans le dessein de s’emparer de la ville. Comme de raison, Ménélaüs fit barricader les portes et repousser, du haut des remparts, les assauts de l’ennemi. Ainsi éclata une véritable guerre civile, née de l’ambition de deux hommes qui se disputaient le sacerdoce comme moyen de domination. Mais, comme l’exécré Ménélaüs, n’avait pour lui que la minime partie des habitants, Jason réussit à pénétrer avec sa troupe dans Jérusalem.

Cependant Antiochus, chargé d’un riche butin, revenait d’Égypte (169), peut-être pour lever de nouvelles troupes et renforcer son armée. En apprenant ce qui se passait à Jérusalem, il entra en fureur contre les Judéens et le judaïsme. Sa nature perverse et féroce se donna carrière contre ce malheureux peuple. Il tombe comme la foudre sur Jérusalem, massacre les habitants, n’épargne ni le sexe ni l’âge, frappe l’ami comme l’ennemi ; puis, affichant son mépris pour le Dieu qu’on y adore, il pénètre dans le temple, jusque dans le sanctuaire, et en fait enlever tous les objets de valeur, l’autel d’or, le chandelier, la table, tous les vases précieux et ce qui restait du trésor sacré. Pour cette spoliation sacrilège, Ménélaüs lui servait de guide. Contre le Dieu d’Israël, — ce Dieu dont on exaltait la puissance et qui semblait impuissant devant son contempteur, — il exhale insolemment d’ironiques blasphèmes. Du reste, pour pallier ces sacrilèges et le massacre d’une population innocente, il fit courir une fable mi-partie d’hallucination et de mensonge, fable inspirée par son complice Ménélaüs, et qui devait longtemps ridiculiser le judaïsme aux yeux des peuples civilisés. Antiochus prétendit avoir vu dans le Saint des saints une image de pierre, l’image d’un homme avec une