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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/93

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périt à deux pas du temple. Ménélaüs déféra les séditieux de Jérusalem à la justice du roi, qui tint des assises à Tyr pour écouter les deux parties. Trois membres du Conseil, délégués à cet effet par le peuple, établirent d’une manière si convaincante la culpabilité de Lysimaque et de son frère, que Ménélaüs aurait dû nécessairement perdre sa cause. Mais cet homme, toujours fertile en expédients, sut mettre dans ses intérêts un misérable de son espèce, qui avait l’oreille du roi, et qui fit pencher la balance en faveur du coupable. Du haut de son siège de juge, Antiochus déclara Ménélaüs innocent, et condamna à mort les trois délégués qui l’avaient confondu sans réplique. Les Tyriens témoins de cet acte d’iniquité manifestèrent leur indignation en suivant, avec un intérêt sympathique, le convoi funèbre des trois nobles victimes.

Le crime triomphait. Ménélaüs restait maître d’un peuple qui l’exécrait. Pour conjurer les effets de cette haine, il imagina de nouvelles ruses, de nouvelles infamies.

Il glissa le poison de la calomnie dans l’oreille du roi contre ses ennemis, c’est-à-dire contre le peuple entier. Il prétendit d’abord que ses ennemis étaient du parti de la cour d’Égypte, et ne le persécutaient lui-même que parce qu’il contrecarrait leurs efforts. Ensuite, il ne craignit pas, lui, le grand prêtre d’Israël, de calomnier tout le judaïsme. A l’entendre, la loi donnée par Moïse au peuple israélite enseignait la haine du genre humain, défendait de s’asseoir à la table des étrangers, de leur donner aucune marque de bienveillance. Cette loi de haine, il fallait l’abolir ! Antiochus, préoccupé alors de l’unique pensée de conquérir l’Égypte, prêta facilement l’oreille aux impostures de Ménélaüs, et prit en suspicion le peuple juif. Il ne pouvait lui être indifférent, au moment où il méditait une expédition périlleuse contre l’Égypte, de laisser derrière lui un ennemi. Toutefois, il différa longtemps l’attaque, retenu qu’il était par la crainte des Romains. Mais, les voyant s’engager de plus en plus dans une guerre avec Persée, roi de Macédoine, il se risqua enfin à franchir la frontière égyptienne (automne de 170). Il battit l’armée ennemie près de Péluse, et pénétra de plus en plus dans l’intérieur du pays.