Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/97

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et Lévites l’abandonnèrent, ce dont les grécomanes s’inquiétèrent peu. Leur rendez-vous favori était un autre endroit de Jérusalem, la citadelle de l’Acra. Là tenaient garnison les troupes syriennes, qu’on avait renforcées ; là s’établirent les Hellénistes. Pour la mettre à l’abri de toute agression, on la fortifia de murs solides et de hautes tours, qui dominaient le temple voisin, et l’on y entassa des armes et des vivres.

Cependant cette désolation affligeait Ménélaüs lui-même, cause première de tant de maux. Pour qui donc était-il grand prêtre, si le temple restait vide ? pour qui prince du peuple, si le peuple lui tournait le dos ? Il était mal à l’aise dans cette solitude, où il n’entendait que l’écho de sa propre voix. Pour échapper à cet ennui, il imagina un nouveau, mais abominable moyen. Il fallait anéantir le judaïsme, loi, doctrine, pratiques, et contraindre ses sectateurs d’adopter le culte hellénique. Antiochus, aigri et ulcéré, et contre les Judéens et contre leur religion, accueillit l’idée avec empressement et la poursuivit avec sa ténacité habituelle. Oui, il fallait que le peuple juif se laissât gréciser pour lui rester fidèle, ou que la mort fait le prix de sa désobéissance. Mais Antiochus, en agissant ainsi, n’avait pas seulement pour but de mater ce peuple, il voulait aussi démontrer l’impuissance du Dieu d’Israël. Lui, à qui les dieux de ses pères étaient fort indifférents, se sentait humilié comme d’un outrage personnel, à la pensée que ce peuple, si cruellement persécuté, était toujours plein de confiance en son propre Dieu, qu’il comptait le voir foudroyer un jour l’orgueilleux blasphémateur. Ce Dieu d’Israël, il voulait le défier, il prétendait le vaincre. C’est ainsi que, par un édit publié dans la Judée entière, il enjoignit à tous les Judéens de ne plus observer les lois de leur Dieu et de sacrifier désormais aux seules divinités grecques. Des autels et des idoles devaient être partout installés à cet effet. Et pour mieux frapper le judaïsme au cœur, il ordonna que des animaux impurs, spécialement des porcs, fussent offerte en sacrifice.

Trois signes caractéristiques de la vie religieuse, distinction visible et tranchée entre les Judéens et les Gentils, furent particulièrement défendus sous des peines sévères : la circoncision, l’observance du sabbat et des fêtes, enfin l’abstinence des viandes